le Kava ou Piper Methysticum ne croissait pas dans
l’île et la liqueur enivrante de ce nom n’était point
connue.
Les cases des insulaires étaient jadis basses et
étroites, et ils couchaient par terre sur des monceaux
de feuilles. Les dieux seuls avaient des édifices plus
grands. Aujourd’hui les cases sont plus vastes et
pourvues d’estrades ou claies sur lesquelles les naturels
peuvent s’étendre à l’abri de l’humidité du sol;
mais ces habitations sont toujours dépourvues de portes
et de fenêtres et ouvertes au premier venu, sans
qu’ils aient à redouter les voleurs ; ce qui annonce
beaucoup de bonne foi chez ce peuple.
Devant chaque demeure est un grand four en terre
dans lequel ils entassent les fruits à pain, bananes et
taro qu’ils laissent fermenter pour en faire leur provision
d’hiver. Ce sont là leurs vrais greniers et ils
mettent leur amour-propre à ce que leur trou soit le
mieux garni de provisions.
L’espèce de Bidens si commune dans tous les autres
archipels de l’Océanie s’est aussi répandue à Manga-
Reva. Les naturels attribuent son introduction à
Beechey, et M. Cyprien à Mauruc, mais je partage
plutôt l’opinion des premiers *.
Avant de renvoyer M. Amand Chausson dans son
île de Taravaï, j’ai encore obtenu de lui quelques
détails dont voici le résumé.
Sur Manga-Reva on compte 1,600 âmes, 180 sur
Taravaï, 200 sur Ava-Marou, 100 sur Ao-Kena •
enfln une douzaine sur Anga-Kawita, jadis inhabité
et tabou (sacree), attendu qu’eUe était réservée pour
la sépulture des rois.
Aujourd'hui tous les actes de mariage, de décès et
de naissance sont enregistrés' et tenus au courant par
les missionnaires. Presque tous les habitants se trouvent
sur les registres de baptême, avec les indications
de leurs pere et mère, et de leur mère au moins
quand ils étaient illégitimes, ce qui annonce qn’ils
reconnaissaient une espèce de leur état primitif. contrat, même dans
Dans le principe, les missionnaires eurent beaucoup
de peine à régulariser les mariages, tant à cause
des concurrences de la part des femmes et des obstacles
de parenté, qu’à cause des enfants déjà nés-
mais les naturels s’exécutèrent de bonne grâce et
meme ceux qui étaient habitués à courir la nuit
pour se livrer à la débauche, s’amendèrent ei
adoptèrent une conduite régulière. Il est à remarquer
qu excepte pour ce motif, les naturels ne se hasardaient
jamais a sortir la nuit, de crainte des esprits
des revenants et aussi de leurs ennemis. ’
Toute la journée il a fait très-mauvais temps, le
vent a régné du sud avec force, accompagné de rafales
et d une pluie abondante et continuelle. La mer
a brisé avec force à la plage comme sur les récifs
extérieurs. Tous les travaux ont été forcément suspendus
et j’ai été réduit à garder le bord toute la
journée. Cest vraiment chose remarquable que de