34 L E S ' C O L L I N B S D E S E N V I R O N S
Colline de
Geneve.
Côteau de
Cologny &
de Beffinge.
C H A P I T R E I I I .
LES COLLINES DES ENVIRONS DE GENEVE.
§ . Si . L a colline fur laquelle Geneve eft fitu é e , eft toute
compofé ed e lits à-peu-près h o r izon tau x , de fable, de gravier
& d’A rgille. Elle a dû être anciennement jointe par fa bafe
à celle de Saint J e a n , qui eft de l’autre côté du Rhône ; les
lits horizontaux de la colline de Saint Jean coupés à pic vis-
à-vis de la v ille , paroiffent en fournir la preuve. Mais le
fleuve en creufant fon l i t , a féparé les deux côteaux ; & le
L a c , qui fûrement s’élevoit jadis même par-deifus leurs forn-
m e t s , les a laiifés à fec , & ne baigne plus que leurs pieds.
§. s 2. La colline ou le plateau exhauffé fur lequel la
ville -eft bâtie , s’étend horizontalement à l ’E f t , mais s’élève
au N o rd -E ft, fuivant la direction du Lac & forme le côteau
de C o lo g n y , dont le plus haut point eft à Beffinge. L a fi-
tuation du fommet de ce côteau eft une des plus brillantes
de nos environs : on voit au couchant le L a c , fes co lline s ,
G en e v e , le R h ô n e , le Jura ; au le v a n t , une belle & grande
v a llé e , couronnée par les A lp e s ; & d’autres points de vue
agréables & variés dans les directions intermédiaires. La bafe
de la colline eft un Grès tendre qui porte dans le pays le
nom de Molaffe : le refte eft. mélangé de cailloux ro u lé s , de
gravier & d’Argille : on trouve dans cette Argille des veines
d’un beau Gypfe blanc en lames ftr ié e s , gypfum lamellare de
“W a l l e r iu s p. i y 8 , édition de 1 7 7 2 . J’y ai vu auffi des veines
de terre bitumineufe, que l’on pourroit regarder comme des
indices de Charbon de pierre.
D E G E N E V E . Chap. III.
ç . y ? . A l’Oueft de la v ille , de l’autre côté de l’A r v e ,
s’ élève le côteau de la Bâtie. L e haut de ce côteau préfente
un point de vue infiniment agréable. On voit fous fes p ied s ,
TArve 8c le Rhône réunir leurs eaux féparees par une langue
de terre couverte de jardins potagers. Geneve fe montre de
là fous fon plus bel afpeét : on voit le Rhône la divifer en
deux villes différentes : le Lac apperçu par cet intervalle,
orne encore ce tableau qui eft couronné par les hautes cimès
des Alpes.
L es y eu x fuivent de là cette promenade charmante , qui
par des fentiers tortueux & ombragés d e faules , côtoyé au
bord des jardins le Rhône & l’Arve , jufques a leur confluent,
<& donne à un quart de lieue d’une ville très-peuplée , l ’idée
des retraites les plus fauvages & les plus éloignées du commerce
des hommes.
§, y 4. C e t te même promenade eft intereffante pour un
Obfervateur : delà il voit à découvert les feftions des collines
de Saint’ Jean & de la B â tie , coupées à pic par le Rhône &
par l’A rv e ; il diftingue les lits prefqu’horifontaux de fa b le ,
de gravier & de ca illou x , dont ces collines font compofées ;
& il les voit fe prolonger à de grandes diftances.
M ais l’Amateur de Lithologie voudra voir de plus près
ces mêmes lits ; il voudra paffer entre le Rhône & le pied
de ces co lliiie s , & aller le marteau à la m a in , obierver la
nature de ces anciens dépôts.
En examinant de près ces amas de ca illou x , on voit que leurs
variétés font prefqu’innombrables ; qu’ils font confondus fans au-
E a
Côteau de
la Bâtie.
Promenades
des rivieres*
Structure
des collines
de St. J ean ,
& de la Bâtie.