diminution de la preflion de l’a ir, quelques inftans de repos
fuffifent pour rétablir l’ordre & la tranquillité dans la circulation
; pour donner par le ralentilfement de cette même circulation,
un lentiment de fraîcheur intérieure, qui aidé par la
fraîcheur de l’air qu’on refpire dans ces régions élevées, calme
complètement, & perfuade que la fatigue eft entièrement dif-
fipée. Quant à l’aflbupiflement, je crois qu’il eft l’effet du
relâchement du fyftême vafculaire & fur-tout de celui du cerveau.
Telle eft du moins la raifon de ces faits, qui me paroît
la plus probable : j’en laiiTe le jugement aux Phyfiologiftes de
profelfion (ij).
T andis que nous faifions ainli des épreuves & des réflexions
fur notre laflitude, & que nous goûtions fouvent le plaifir de
la diffiper par quelques momens de repos, notre tems s’écou-
loit ; nous mîmes cinq heures & demie depuis la Pierre à Bé-
rard, où nous avions quitté nos Mulets, jufques à la cime de
la montagne.
( i ) Pour ne pas prolonger cette di-
greffion phyfiologique, que pluCeurs de
mes Leéteurs auront peut-être déjà trouvée
trop étendue, je ne parle point ici
d’un troifieme effet de l’air des hautes
montagnes, qui eft pourtant bien remarquable
; c’eft de rougir & fouvent même
d’excorier les parties découvertes-de la
peau,celles du vifàge principalement. Cet
effet dépend en partie de la vivacité de la
lumière ; car il eft plus fenfible lorfque le
Soleil brille , & quand on parcourt des
montagnes couvertes de neiges & de
glaces ; l’air y entre cependant aufïi pour
quelque chofe. Mais j ’y reviendrai ailleurs.
CHAPITRE
C H A P I T R E X-
OBSERVATIONS FAITES SUR LA CIME DU BUET.
§• n’arrivâmes qu’à midi & demi fur cette cime élevée
; & nous regrettâmes bien une heure , & même une heure. &
demie que nous avions perdue en montant avec trop de lenteur ;
car à peine fûmes nous au fommet, que des nuages, qui du point
où nous étions i fembloient ramper dans le fond des vallées ,
s'élevèrent, s'étendirent, & nous,,dérobèrent une partie du
beau, fpeétaclç que nous nous étions , promis. Heureufement
pour moi , j’avois jouï en 1 7 7 5 , de cette vue dans toute fa
beauté; j’avois pris des notes de toutes les obfervations importantes
& j’eus m,ême encore dans ce dernier voyage la
fatisfaéïion dç les vérifier; parce, que les; nuages , quoiqu’ils
nous dérobaient l’enfemble de la vue, changeoient de pofi-
tion, & nous laiiTerent vpir fucceflivement la plupart des objets
que je voulois, obferver de nouveau.
Ma is Mr. P içtet , qui venoit fur le Buet pour la première
fois-, & qui s’étpit flatté, non feulement ,de, jouir d’un beau
fpe tlacle , mais de faire une abondante récolte d’obfervations
géographiques, en eut un déplaifir qui augmenta encore le
malaife que lui caufoit la trop grande rareté de l’air.
§. y 63. C ependant , pour que cette courfe ne fût pas ab- Obferv»,
folument jqfrudueufe, il fit d’abord l’obfervation du baromètre. ijf|g j|
Il le trouva à 19 pouces, 8 lignes, 4 feiziemes, après avoir corrig
é ’ l’effet de la chaleur fur la colonne de Merfiure. Mr.
Q -q î J