Sallenche.
Blocs de
Granit.
Fond d’Ar-
doifè.
Nature de
ces Granits.
§. 4 8 1 . Sallenche eft une petite v ille , affez peuplée pour
fon étendue; mais mal b â tie , & dont les auberges, malgré
le fréquent paffage des étrangers qui vont viiîter les glaciers,
ne font pas les meilleures de. la Savoye. On compte quatre
petites lieues de Clufe à Sallenche ; nous les fîmes dans a
heures & ¿. L e bas de la ville eft élevé de 90 toifes au
deifus de notre Lac.
L a ville eft traverfée par une petite riviere dont elle porte
le nom.
O n vo it dans le lit de cette riviere , & au deffus & au
deffous de Sallenche, de très-grands blocs de différentes efpeces
de Granit. Ces blocs font roulés & viennent des hautes Alpes
qui font au Sud de la v ille ; car ic i le fond du terrein efl
encore fecondaire.
J e m’en fuis affuré en remontant la Sallenche, Ce petit
torren t, un peu au deffus de la ville , a creufé fon lit en coupant
des bancs d’Ardoife , qui font inclinés fuivant la pente des
eaux. On remarque dans cette Ardoife des rognons folides
du même genre de p ie r re , Schifius reniformis ovalis, Wall,
p. 346 ; mais plus durs que l’Ardoife même; ils font inférés
entre fes feu ille ts, & ceux-ci les enveloppent & fe rejoignent
après les avoir entourés. Cette Ardoife eft mêlée de petites
parties de Mica.
L a plupart des blocs de Granit qu’on trouve dans le lit dé
la Sallenche , font prefqu’entiérement compofés de grands cryf-
taux de Feld-Spath ; le Quartz ne s’y trouve qu’en très-petite
quantité. Ces eryftaux font féparés par du Mica verdâtre,
qui divifé quelquefois en très-petites parties a l ’apparence &
l’onéluofité de la Stéatite.
J e loge ordinairement à Sallenche dans l’auberge qui eft à
l’entrée de la ville , non que cette auberge foit de beaucoup
meilleure que les autres ; mais parce qu’il, y a une gallerie d’on
l’on voit le M o n t-B lan c en face & parfaitement à découvert.
L e fommet de cette montagne, caché pendant prefque toute
la route par les hauteurs dont on eft environné, commence
à le laiffer appercevoir entre la cafcade & St. Martin ; on le
voit très-bien du pont de ce v illa g e , & mieux encore de Sallenche
, d’ ou il paroit d’une hauteur qui étonne. Mais il n’é-
tonne jamais plus que lorfque des nuages cachent Ta plus
grande partie de fon c o rp s , & qu’il fe forme dans ces nuages
un vuide qui ne laiffe voir que fa cime. Alors il eft im p ô t
fible de comprendre que ce qu’on v o i t , puiffè être un objet
terreftre ; ceux qui le voyent dé là pour la première fois ,,
s’obftinent à croire que c’ eft un de ces nuages blancs qui s’anr-
moncelent quelquefois à une grande hauteur par deffus les
cimes des montagnes. Il faut pour les défabufer, que le s
nuages fe diflipent, & laiffént à découvert fa grande & folide
bafé » qui unit à la terre cette cime qui fe perd dans les Cieux..