Ravine de
la Menoge.
Fond de
.Molaffe.
L a. montagne des V o iro n s , fituée plus à la gauche & plus
loin que celle de Salëve, préfente des changemens à-peu-près
femblables.
§. 4 3 8 . DEMi-heure avant d’arriver à Contamine ,.. où tra-
verfe une large & profonde ravine , creufée par ■ un torrent
nommé la Menoge, qui a fa fource au pied des Voirons.
En defcendant au fond de cette ravine , on voit que les lits
du terrain ne fe fuivent & ne fe correfpondent pas d’un ;bord
à l ’autre. A g a u ch e , du côté du NordrEft , ce font de gros
cailloux rou lés, entaffés par. bancs très-épais,, & entremêlés
de fable qui leur donne l’apparence' d’une muraille dégradée ;
à droite , de l’autre côté du ruiffeau , on ne v o it que du fable
& de l’Argille , dans une hauteur perpendiculaire de près, de
1.00 pieds : feulement apperçoit-on dàns ce fable deux ou trois
files de blocs a rrondis, placés, comme avec la main fur des
lignes horizontales..
O n s'étonnerait de voir une diiïembîànce auflî grande à une
auffi petite diftance, fi l ’on ne favoit pas que des terrains de ce
g e n r e , élevés par. l’accumulation; confufe de divers matériaux
chariés par des to rren s , n’ont jamais^ la régularité de ceux
qu’ont formé les dépôts, ou le s ., cryttallifations des,, eaux de
l ’Océan.
L e torrent couîë au fond de Ta ravine, fur un lit de Molàffe.
Les. cpuches de cette Molaffe, femblables par leur, matière à
celles du coteau de M o n tou x , defcendent auffi comme elles
vers l ’Eft-Sud-Eft. Elles font vraisemblablement une continuation
de celles de ce côteau.
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O n paffe le torrent fur un pont très-élevé, confirait de la
■pierre calcaire qui fe trouve à mi-côte de la montagne des
Voirons, la même que j ’ai décrite, §. 2,76".
■Qu a n d on a remonté la ravine de la M e n o g e , on fe trouve
dans une plaine ; & à trois quarts de lieue de l à , on paffe
au village de Nangy.
§• 43 9- O n vient enfuite au village de Contamine qui fe Contamine,
prolonge entre l ’Arve & une colline appuyée contre le pied
du Môle. Cette colline eft en pente douce de toutes parts.
excepté du côté de l’Arve où elle eft taillée à p ic ; elle eft
toute de fable & de cailloux roulés.
I l me paraît bien vraifemblable que les efcarpemens, & de
de cette colline , & des bas du Mole au deffus de l ’A rv e ,
ont été p ro d u its , non par cette riviere telle qu’elle eft aujourd’h
u i; mais par d’anciens courans beaucoup plus confi-
dérables & qui fuivoient à-peu-près la même direction.
J e ne faurois quitter Con tamin e , fans rapporter une belle
réponfe d’une payfanne de ce village. Je fis ert 1 7 6 1 mon
fécond voyage aux glaciers de Chamouni , à p ied , avec quelques
uns de mes amis. Comme le Soleil étoit très-ardént,
nous entrâmes dans un verger , pour nous y repofer à l’ombre.
Des poires bien mûres, que-la fo if & la chaleur ren-
doient très-féduifantes, nous tentèrent, & nous commencions
à en cu e illir, quand la maîtreffe du verger p aru t, & s’avança
vers nous. Sur le champ un de nous alla au devant d’e lle ,
& lui dit de ne pas s’inquiéter , que nous lui payerions fes
poires, „ Mangez les feulement, dit-elle, ce n’eft pas pour
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