Les cimes
ifolées ne
-font couverte
s que de
sfiâgfi.
S ’i l poHVoit refter } encore quelque doute fur ! origine ides
.glaciers, ces gradations entre les neiges proprement. difo s , &
les -vraies g la ce s , achèveraient de démontrer celle que je leur
a i attribuée. Car on voit à l’oeil en fuiyant. ces nuances ,. que
c ’eft toujours la neige qui forme la bafe de ces glaces ; on
reconnoit dans les plus denfes, comme dans les plus rares,
la même ftruéture, des pores de la même fo rm e ; & on voit
clairement, que leur plus ou moins de denfité ne vient que
de la plus ou moins grande quantité d’eau qui les abreuvoit
.dans le tems de leur congélation.
|É y.30. J ’a i dit plus haut,, que fur les cimes des montagnes
ifoléesg on ne trouve jamais que des neiges; cependant quelques
Naturaliftes croyent que celles qui font très-élevées, le
Mont-Blanc, par e xemp le , font couvertes de glaces vives.
Deux apparences trompeufes ont été. caufe de cette erreur.
En obfervant le Mont-Blanc avec des lunettes, ou de la
plaine ou du fommet du Mont-Bréven, on a vu des furfaces
refplendiffantes comme de là glace polie. Mais ces furfaces
ne font autre chofe qu’une croûte m in c e , produite par de la
neige que les rayons du Soleil ou un vent chaud ont ramollie
à fa furface, & qui s’eft enfuite regelée. J’ai trouvé cent fois
les hautes cimes couvertes de ces croûtes dures & brillantes;
fouvent même elles rendent périlleux des paffages qui font fûrs
& faciles quand les neiges font tendres ou douces, comme difent
nos montagnards. J ’ai vu même de G en ev e , la cime du Buet
briller comme une glace p o lie , & par cette même raifon , car
il eft bien certain que le fommet de cette montagne n’eft
couvert que de neige.
U ne
U n e autre apparence q u i'a fait croire que la cime du Mont-
Blanc étoit couverte de glace ,• c’eft que les lunettes d’approche
y démontrent de larges & profondes crevaffes, femblables à
celles qui divifent les vrais glaciers. Mais j’ai déjà d it , §. f 2 7 ,
que les neiges en s’affaiffant, s’éclatent, fe fendent, & con-
trailent des crevaffes tout auffi b ie n , & fans doute plus facilement
que les glaces mêmes.
C e n’eft pas en regardant le Mont-Blanc du côté du N o rd ,
que l’on peut juger de la nature des matières glacées qui le
couvrent; il faut le voir du côte du Sud , de l’Allee Blanche,
du Glacier ou de là Ruize de M ia g e , & du haut du Cramont.
De ce côté il eft taillé à pic tout auprès de fa c im e , &
l’on voit fous cette c im e , au deffus des rocs nuds & efcarpés
qui couvrent cette face méridionale, les coupes verticales de
l’ épaiffe calotte de neige dont cette même cime eft couverte.
Des yeux exercés reconnoiffent, même fans le fecours des lunettes
, que cette calotte eft de la neige & non point de la
glace ; ou que du moins c’eft une congélation qui fe rapproche
beaucoup plus de l’état de neige que., de celui de glace. Le
blanc mat de ces tranches , leur peu de tranfparence , leur
coupe plus nette 8c plus uniforme que celle des glaces , les
caraclérifent & les font diftinguer. Et comme on a-fous fes
y eu x en même tems, 8c prefqu’a la même diftance, de vrais
glaciers, renfermés dans les g o r g e s ,& couches fur les pentes
qui font au pied des rocs efcarpés de cette même montagne,
la comparaifon que l’on peut faire entre ces glaces 8c ces
neiges, ne laiffe aucun doute fur leur différence.
L e raifonnement confirme en cela le témoignage des yeu x,
car il eft impoflible que dans une région auffi élevée & par
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