Glaciers du
fécond genre.
D ’a i l l e u r s , les vents chauds qui régnent en été , fondent
les glaces & les n e ig e s , pendant la nuit comme pendant le
jo u r , même fur les cimes les plus élevées; enforte que par le
concours de toutes ces caufes , la maiTe des g la c e s , comme
celle des neiges , diminue confidérablement dans toute l’étendue
des A lpes, pendant le cours de la belle faifon.
E n f i n , de mémoire d’h omme, on n’a vu naître un glacier au
milieu de l’é té , comme cela devroit arriver, fuivant cette fup-
p o fitio n , qui fûrement paroîtroit bien étrange à un habitant
des Alpes. Ce n’eit pas qu’on ne voie quelquefois naître de
nouveaux glaciers ; nous en parlerons plus bas ; mais c ’eft toujours
en hiver qu’ils fe fo rm en t,p a r la congélation des neiges
tombées pendant le précédent h iv e r , & imbibées d’eau dans
le courant de l ’été.
Si l ’on voit fur les g la c ie r s , des amas de glace un peu
confidérables, dans lefquels on diftingue des couches; cela vient,
ou des couchés de neiges fucceffivement entaffées d’une année
à l’autre; ou de quelques fources qui fortant pendant l ’hiver
de l’intérieur des montagnes, ou de deffous de grandes épaif-
feurs de g la c e s , coulent enfuite au grand a i r & s’y gelent
fucceiTivement, comme cela fe v o i t , même dans les plaines.
Mais cette glace différé toujours par fa confiftanee & par fa
denfité ( § § . y 2 f & y 26. ) , de la glace générale des glaciers.
D ’ailleurs les effets de cette caufe font très-bornés ; & comme
elle n’agit que pendant l ’h iver, elle n’a rien de commun avec
l ’hypothéfe que je viens de difcuter.
§. ; 2 9 . L e s glaciers du fécond g en re , ceux qui ne font pas
renfermés dans des v a llé e s , mais étendus fur le penchant des
hautes fommités, ont à-peu-près la même origine. Souvent
leur caufé première e(t une avalanche de n e ig e , qui s’eft arrêtée
fur des rocailles & des débris entaffés au pied d’un rocher
efcarpé. D ’autres fois la neige même , telle qu’elle eft
tombée du C i e l , s’accumule à la lo n g u e , lorfque la pente de
la montagne n’eft pas affez rapide pour la faire gliffer fous la
forme d’avalanche.
C e s neiges, comme celles qui forment lès glaciers du premier
g e n r e , fe fondent en partie durant les chaleurs de l’été;
l’eau qui eft le produit de cette fo n te , pénétre & imbibe celles
qui n’ont pas eu le tems de fe réfoudre,. & les froids de
l’hiver les furprenant dans c e t é ta t, les convertiffent en glace.
M a i s dans les glaciers de ce g en re , l’eau qui détrempe les
neiges, & qui eft la caufe de leu r converfion en g la c e , n’étant
pas retenue comme dans le fond des. va lle e s , il arrrive fouvent
que les neiges ne font qu’imparfaitement abreuvées d eau , & que
par cette raifon la glace qui en refulte ,. eft encore plus poreufe
& moins liée que celle des glaciers du premier genre. On
en trouve même, dont l ’incohérence eft t e lle , qu’il eft permis
de douter fi l’on doit leur donner le nom de g la c e , ou celui
de neige.
Ce n’ eft guere que vers le bas de ces glaciers, où-ht pente-
de la montagne entraîne une quantité d’eau fuffifante p o u r
abreuver complettement les n e ig e s , que l’on trouve dès glaces,
auffi denfes que dans les glaciers du premier genre : la folidité.
de la glace décroît par degrés, à mefure que l’on remonte vers
le haut ; & fur les fommités m êm e s , fi du moins, elles font
ifolées, on ne trouve jamais que des neiges^