égale diftance des deux bords ; elle a un petit quart de lieue
de longueur , fur environ dix minutes de largeur. C’eft une
colline d’une forme irrégulière , dont le plus haut point eft
é le v é , fuivant une obfervation du baromètre faite par Mr,
P i c t e t , de 12 1 pieds au deifus du niveau du L a c ; & le Lac
lui même eft élevé de 1 7 8 pieds au deifus de celui de Geneve,
C e t t e colline en pente douce du côté du M id i , fe termine
vers le bas par une petite p lain e , dont nous trouvâmes une
partie couverte de riches moiifons , & le refte de prairies &
de troupeaux. Un affez grand vignoble occupe la pente orientale
qui eft plus rapide. Au deifus de ces v ig n e s , on trouve
des ve rg e r s , & au deifus des ve rg e r s , une forêt de Chênes,1
qui couronne toute la fommité de lîs le dans fon plus grand
diametre. On a coupé dans cette forêt une large & belle
a llé e , qui côtoyé le bord occidental de l ’Isle. Ce bord , taillé
prefqu’à pic à une allez grande profondeur , paroît un peu
fauvage : mais ce t afped ne fert qu’à faire briller davantage
les riches payfages que préfente à cette même promenade 1»
côte occidentale du L a c , la Neuve -ville , le Landeron & d ’autres
beaux villages, bâtis dans de grands vignobles au pied du
Mont Jura. La côte orientale du Lac forme aufli avec celle-
là un contrafte piquant ; fes bords élevés & efcarpés ne montrent
que des rocs nuds ou des forêts couronnées par lès
A lp e s , dont elles ne laiifent voir que les fom mets les plus
élevés. Au milieu de cette allée qui traverfe l’Isle dans toute
fa lo n gu eu r, on trouve dans une prairie un pavillon oétogone,
ombragé par de grands Chênes, & deitiné à fervir d’abri à ceux
qui viennent s’y promener.
Ainsi cette I s le , dans un efpace affez petit pour être pofledé
par un feul h om m e , & affez grand pour nourrir une famille
nombreufe , & pour n’avoir pas comme d’autres petites Isles,
l’apparence d’une p rifon , fournit prefque d’elle-méme les productions
les plus utiles & les plus variées , le b led , le v in ,
les fru its, le fo u r ra g e , le b o is , le poiffon ; & on y trouve des
retraites mélancoliques, des fîtes doux & paifibles, d’autres riches
& brillants. Je ne crois pas qu’il y ait au monde un
lieu qui fut plus fufceptible d’être décoré dans le goût des jardins
Anglois ; mais il faudroit que l’Art eût bien foin de fe ca che r,
pour ne pas gâter un ouvrage forti prefque parfait des mains
I de la Nature.
Tous les agrémens de cette Isle font perdus pour fes maîtres
actuels, qui font de nature à ne pouvoir jouir que de fes p ro d u c tions
.utiles; c’eft l’H ôpital de la ville de Berne à qui elle appartient
: il y a fait bâtir une ferme & une auberge ; on arrive
| là par un canal creufé dans la partie la plus baffe de l ’Isle ,
& ce canal fert en même tems de port pour les bateaux.
L e fol de l’Is le , dont on voit la coupe verticale tout près
du point le plus é le vé , à fon extrémité du côté du Nord-Eft,
préfente fous la Terre v égé tale , du fab le , puis de l’Argille
molle, puis une Argille durcie & colorée’.; & enfin des bancs
d’un Grès f in , médiocrement d u r , dont les carrières font, actuellement
exploitées, & qu’il ne faut pas oublier dans l’énu-
mération des dons que la Nature a faits à cette Isle charmante.
§. 400. I l fallut nous en arracher pour relever notre thermomètre
, & continuer notre voyage. Nous le trouvâmes à s
degrés | ; il étoit 8 heures & 10 minutes, & par conféquent
il avoit féjourné dans l’eau pendant % heures 3. La température
S s 2
Température
du Lac
de Bienne.