M a i s ceux pour qui nos principes fur la formation des pierres j
ne font pas des a xiome s, & qui n ’ayant pas l’habitude d’ob.
ferver en grand les opérations de la Nature , ne fe font pas fa.
miliarifés avec les idées, de dévolutions & de cataftrophes au®
étendues, demeureront peut-être encore dans le doute.
J ’a i donc che rch é, & pour les convaincre, & pour me
fatisfaire’ plus pleinement moi-même , quelques preuves d’un
genre différent.
Je me fuis dit .• les faits que j ’ai rapprochés me perfuadent
bien qu’il a anciennement exifté un courant très-rapide, qui
rempliffoit autrefois toute la vallée dont notre L a c occupe aujourd’hui
le fo n d : on voit par-tout les effets de ce courant;
mais pourtant je n’apperçois pas fes traces proprement dites;
je trouve bien fous fnes pas des matériaux qui ont été chariés ;
mais il faudrait pour une conviélion parfaite, découvrir les or>
nieres du char qui les a tranfportés.
A lors j ’ai penfé que ces ornieres pourroient avoir été imprimées
fur les flancs efcarpés des montagnes, entre lefquelles
ce courant a été reflerré. J’ai donc entrepris d’obferver fous
ce point de vue , les flancs de ces montagnes.
C H A P I T R E VI I -
l e m o n t s a L E V E.
h 220. L e Mont Saleve eft de toutes les montagnes de nos
environs, celle qui fe préfente le mieux pour l’obfervation
dûnt je viens de parler. Il eft fitué en S a vo y e, à une lieue
au midi de Geneve ; fa forme eft très-alongée dans la direction
du Nord-Nord E ft, au Sud-Sud O u e ft , & c ’eft à-peu-près
la dire&ion qu’à dû avoir le courant dont nous nous occupons.
Cette montagne préfente du côté de Geneve de grandes
a f f ife s , à-peü-près horizontales, de rochers nuds & e fca rp é s,
d’une Pierre calcaire b lan ch e , fur laquelle les injures de l’air
ne font que peu d’impreflion. Ces rochers ont dû former
une des parois du grand c a n a l, dans lequel couloit ce courant;
ils on t dû par conféquent, être rongés & fillonnés, à-
peu-près horizontalement, dans la direction de/ce même cou-
rant ; & les parties le s 'p lu s faillantes ont dû être expofées aux
érofions les plus confiderables.
§. 3 3 1 . L e s faits ont pleinement répondu à ces conjectures.
J’ai fait fur 'ce fu je t , les obfervations les plus claires & les plus
fatisfaifantes. Les tranches nues & efcarpées des grandes couches
du Petit & fur-tout du Grand Saleve , préfentent pref-
què par-tout les traces les plus marquées du paifage. des eaux,
qui les ont rongées & excavées. On voit fur ces roch ers, des
filions à-peu-près horizon taux, plus ou moins larges & profonds;
il y en a de 4 à f pieds de la rgeur, & d’une longueur
double ou tr ip le , fur i ou 3 pieds de profondeur. Tous ces
Sa fituationJ
Ses flancjs
efcarpés ont
été fillonnés
par les eaux.