Cavités arrondies
produites
auffi
par les anciens
courant.
Défîgnation
des places
où ces vef-
tiges font les
plus vifibles.
filions ont leurs bords terminés par des courbures arrondies-
telles que les eaux ont coutume de les tracer. Je dis qu’ys
font à-peu-près horizontaux , parce qu’ils font par fois in.
clinés de quelques degrés , eu defcendant vers le Sud-Sud
O u e f t , . fuivant la pente qu’a dû avoir le courant. De tels
filions ne fauroient avoir été tracés par les eaux des pluies;
car celles-ci forment des excavations, ou perpendiculaires |
l ’h o r izo n , ou dirigées fuivant la plus grande inclinaifon des,
faces des rochers ; au lieu que celles-là font tracées prefqu’ho.
rizontalement fur des faces tout à fait verticales. Ces filions
font donc ce que je che rch o is , les traces ou les ornieres du
courant qui a charié dans nos vallées les débris des rochers
des Alpes.
§. 2 2 3 . O n voit auffi a la furface de ces mêmes rochers,
des cavités arrondies , de plufieurs pieds de diametre, & de s
ou 3 pieds de profondeur , dont l ’ouverture regarde le Nord
N o rd Eft , & qui paroiffent par conléquent, avoir été creufés
par des filets du courant qui fe jettoient directement & avec
impétuofité contre ces parties plus faillantes & plus expofées:
ces cavités ont leurs fonds & leurs bords arrondis, & comme
leurs ouvertures fe trouvent placées fur la face verticale de rochers
efcarpés, on ne peut pas fuppofer qu’elles ayent été formées
par la chute des eaux de la montagne.,
§. 223. O n peut obferver ces excavations fur prefque toutes
lès faces des grands rochers du Mont Sa lev e , du moins juf-
ques à la moitié ou aux deux tiers de fa hauteur ; mais on
les diftingue; avec une évidence particulière , fur les rochers
qui dominent le pas de l'échelle, fur ceux qui font au deffus
des couches perpendiculaires, entre- Féiry & C r ev in, fur le*
couches épaiifes qui dominent les grottes de l’Hermitage, fur
celles qui font Su deifus du Coin, &c.
s. 224. Je ne dois pas diffimulër, qu’entre ces excavations
arrondies, que je regarde comme l’ouvrage des e a u x , on en
rencontre quelques-unes, qui font creufées en fens contraire du
courant que je fuppofe avoir defcendu notre vallée T & qui
pourraient faire naître des doutes fur la caufe que je leur attribue.
Mais ces doutes s’évanouiront, fi l’on confidere , que
fur les bords de tous les grands courans, tant de la Mer que
I des rivieres, il fe forme des rem o u x , dont la diredion eft con-
| traire à celle du couran t, & qui- fouvent font auffi rapides;
que lui. Il s’y forme auffi des tourbillons plus rapides encore,
; & dont la force rongeante eft très-confidérable. D ’ailleurs
les vagues on t auffi, comme on le fa it , le pouvoir de ron g e r
& d?exeaver les rochers :■ elles agiffent comme les vents qui
les foulevent, dans différentes diredions ; & ces vents devoient
i avoir beaucoup de prife fur un courant la r g e , comme étoit
le n ôtre , de 4 à 5 lieues. Enfin fi l’on veut confulter l’ex-
[ périence ; que l’o n obferve les bords de quelque rlviere- ref-
ferrée entre des rochers ; on verra fur ces ro ch e r s , & des fil-.
Ions a lon gé s, 8c des excavations arrondies, exadement Semblables
à celles que j’ai obfervées fur le Mont Saleve : on y trou,,
vera même des cavités creufées dans une diredion contraire à
! celle du courant.,
§. 2 24. Ce que Pon nomme lès Grottes de l ’Hermitage-,
ou ces excavations profondes de 3 o p ie d s , & 8 ou 10 fois
auffi lo n g u e s , produites par la deftrudion totale de plufieurs
couches de ro ch e r , par quel agent poürroient-elles avoir été
formées , fi ce n’eft par les,' érofions de cet anden courant. I
Ixcava^
tions diver-
fement dirigées
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effets des*
mêmes eau»
fes.
Les Grotte?,
de l’ fcicrniiL
tage..