Appareil
commode
pour les
montagnes.
L a plupart de ces inftrumens, quoique très-ingénieufement im»;
ginés, font peu propres à être tranfportés fur le fommet de
hautes montagnes, & à faire les expériences avec la célérité
néceifaire dans ces circonftances. Ils font, ou volumineux, ou
fragiles, ou faciles à fe déranger,, ou ils exigent pour le mélange
des airs, un long efpaçe de tems. Je cherchai donc une
maniéré de faire ces épreuves avec plus de célérité, de commodité
, & en .même teins avec plus d’exactitude. Voici celle
à laquelle je m’arrêtai.
Je pris un flacon de verre cylindrique , dont le diamètre
égaloit à-peu-près la hauteur , qui pouvoit contenir environ y
onces i d’eau, & qui fe fermait exaétement avec un bouchon
de verre, ufé à l ’Emeril.. Ce flacon fut deftiné à être le réceptacle,
dans lequel je mélerois. les différens- airs avec l’air nitreux. Je
le nommai le récipient.
Pour mefurer, les quantités d’air que je devois faire entrer
dans ce récipient,. je cherchai une petite phiole, aufll de verre ,
& dont la contenance fut à-peu-près le tiers de celle du récipient:
celle a laquelle je me fixai contenoit une once, 6 gros,
i a grains d’eau ; enforte que le récipient contenoit trois de
ces mefures, & environ deux drachmes de plus.
J e me pourvus outre cela d’une petite balance bien exacte,
d’un petit entonnoir, & de plufieurs flacons de verre à-peu-près
femblables au premier, & qui fe fermoient comriie lui avec,
des bouchons de verre, ufés à. l’Emeril. La deilination de ces
flacons étoit: de remplacer celui qui. fervoit de récipient, au cas,
qu’il vînt à fe calfer,, & de fervir à tranfporter d’un lieu à l’autre,,
les différens- airs que je voulois éprouver & comparer entr’eux..
C es bouteilles, ces balances, & ce qu’il faut pour préparer
l’air nitreux, fe logent dans une boëte légère & peu volumi-
neufe , qui fe tranfporte aifément & fans danger au fommet
dés montagnes les plus efearpées ; on prend à la derniere vacherie
que l’on rencontre, un petit fceau de bois , que l’on
remplit de la derniere eau qu’on trouve en montant. Avec
cet appareil , on peut dans l’efpace d’une heure, faire fept ou
huit épreuves différentes, & obtenir une plus grande exactitude
qu’avec aucun des Eudiometres fragiles & difpendieux, qui font
Compofés de tubes & de robinets.
Q u a n d je veux opérer, je commence par préparer, toujours
iuivant le même procédé , la quantité d’air nitreux qui m’eft
néceifaire. Dès qu’il eft prêt, je remplis d’eau le récipient :
puis le tenant renverfé dans l’eau dont le petit fceau eft rempli,
j’y fais entrer à l’aide de l’entonnoir, d’abord deux mefures
d’air commun, & puis une mefure d’air nitreux. Je
vois fur le champ les deux airs fe mêler' avec effervefcence ,
prendre une teinte orangée , & l’eau rentrer dans la bouteille
à mefure qu’ils s’abforbent réciproquement. Pour compléter
leur mélange , je bouche la bouteille en la 'tenant toujours
fous l’eau, je la fecoue dans l’eau même ; après quoi je la débouche
de nouveau, mais toujours en la tenant renverfée dans
lè fceau plein d’eau, & il rentre ainfi une nouvelle quantité
d’eau à la place de l’air qui s’eft décompofé ; je répété trois
fois cette opération, & toujours de la même maniéré dans
Chaque expérience. Lorfque le mélange des airs eft ainfi parfaitement
achevé, je bouche fous l’eau la bouteille pour la
derniere fois , je la retire, je l’effuye c-oinplettement, & je la
pefe. On comprend que la bouteille fe trouve d’autant plus
pefante qu’il s’eft abforbé une plus grande quantité d’air, puif-
T t t a
Maniere
d’opérer
avec cet appareil.