Variétés
des pierres
calcaires
dont le Môle
elt compo-
fé.
Oifeauü du
Môle.
Singulière
efpece de
Rouge .
queue.
232 t E M 0 L E. Chap. X.
§. 2§9- J’ai déjà dit que le Môle entier étoit compofé
d’une Pierre calcaire. Cette pierre eft g r ife , il y a cependant
au deffous de la fommité, du côté qui regarde Geneve, &
dans quelques autres p lace s, des bancs minces, dont la pierre
eft d’un rouge briqueté.
O n trouve auffi en divers endroits de la montagne, des
morceaux mêlés de gris & de rou ge; & ce qu’il y a de re.
marquable, c ’eft que ce ne font pas des taches de différentes
couleurs, fur un fond h om o g en e , comme on le voit fi fré-
quemment dans les Marbres; mais des pâtes de ces deux cou.
leu r s , qui ont été groffiérement mélangées.
O n y voit enfin des Breches groflieres, compofe'es de frag-
mens angulaires, réunis par une pâte calcaire comme eux ; mais
plus tendre & d’une couleur plus, claire.
Je n’ai trouvé fur le Môle que des veftiges imparfaits de
pétrifications; mais on y rencontre fréquemment des noeuds
& même des veines de Petrofilex , renfermées dans la Pierre cal-
caire. Ces pierres dures font quelquefois demi-tranfparentes,
mais toujours d’une couleur obfcure.
§. 290. Je n’ai pas vu fur cette, montagne beaucoup d’animaux
rares. J’y ai pourtant trouvé le Merle à co llie a , Turdus
torquatus ,|le Caffenoix, Corvus caryocatades, le Rouge-queue
noir. Cet oifeau , dont je ne trouve la defcription chez aucun
Orn ith o log ifte , a de la relfemblance avec le Roifignol de muraille
, Motacilla phoenicurus ; & avec le Rouge-queue ordinaire
Motacilla erithacus. Mais il différé de l ’un & de l ’autre, en
ce qu’il eft tout entier d’un noir tirant fur le cendré , excepte
L E M O L E . Chap. X. 233
les cinq plumes extérieures des deux côtés de la queue, qui
font d’un brun rougeâtre ; les pointes de ces plumes font
même noires .comme le refte du corps. Cet oifeau n’eft pas
rare fur les- Alpes & fur le Jura; il n’eft pas fi v i f & fi pétulant
que l e Roifignol de muraille ; il vit folitaire fur les bords
des précipices, & il femble s’y jetter auffi-tôt qu’on l ’appro-
[che : il niche cependant quelquefois fur les toits des Chalets ;
niais il s’ y fixe au printems, avant l’arrivée des troupeaux,
pendant qu’ils font encore inhabités.
[ §. 2 9 1 . O n rencontre fouvent des Loups dans les forêts Loups.
Jdu Môle. Un grand CÉien braque , qui m’accompagnoit au.
Itrefoïs dans les montagnes ; en lança un jour deux , qui étoient
cachés dans un buiifon au milieu d’une prairie découverte:
ils détalerent au petit galop ; mon Chien les fuivoit avec ardeur;
mais je me hâtai de le rappeller d’après l’avis de mon
guide ¿qui m’affura que dès que le bois vers lequel ils fuyoient,
les auroit dérobés à notre v u e , ils fe retourneraient fur le
Chien & le dévoreraient.
9 29 2. T’a i - trouvé fur le Môle , un grand nombre de Plantes du
r j Môle»-
plantes alpines. Les- hautes prairies font parees des fleurs de
la belle Gentiane à fleurs rouges , Gcntiana purpurea ; de 1Anemone
à fleurs de Narciffe, Anemone narcijfi-flora ; de la Coquelourde
à grandes fleurs pourprées au dehors & blanches
au dedans, Anemone Pulsatilla ; de l’Hieracium, & de la Dent
de Lion à fleurs o ran gée s, Hieracium aurantiacum, & Leontodon
aureum ; de la Polygalct chcunsbuxus, & c. On trou\ e
fur le fommet de la montagne, la grande Campanule, Campa-
I rnla thyrfoïdes ; la Dryas ociopetala ; diverfes efpeces de petites
G g