fur les
moeurs de
ces monta-
gnards.
264. M 'O N T A G R E S D E M E I L L E R IE, Ç$e:
fans rapporter un trait qui caractérife bien l’innocence des
habitans de ces hautes vallées. Je rencontrai dans ces vailes
fo litu d e s , inhabitées dans la faifon où je les parcourois, m
jeune homme & une jeune fille , qui firent avec moi une partie
de' la route. Je m’informai du motif de leur voyage , j’apprjJ
& d’e u x , & de mon guide qui les connaiiToit, que le jeune
homme étoit un garçon du Canton de F rib o u rg , qui étant
allé pour une affaire dans le village de cette jeune fille , avoitj
pris du g o û t pour e lle , & l ’avoit demandée en mariage. La
jeune fille, quoiqu’elle agréai le jeune h omme , ne voulut ce.
pendant point l’ép o u fe r, fans avoir pris des informations fut:
fa perfonne & fur fa fam ille , & ne voulut même s’en rap-;
porter qu’à e lle , fur une chofe qui intérelfoit fi fortement fou
bonheur; elle partit feule & à pied avec le jeune homme , pont
aller à deux journées de là , au travers des montagnes, prendre
elle-même chez lui les informations qu’elle defiroit. Quand je]
la rencontrai elle revenoit de fon voyage très-fatisfaite, & ra.
menoit avec elle le jeune homme , pour Pépoufer dès fbn ar<!
rivée. Ce que je trouve de remarquable, ce n’eft pas tant
le courage de la f ille , qui grande & fo r te , n’avoit fûrement
rien à craindre de fon amant; mais c ’eft la bonne foi de ces
honnêtes montagnards. Car fi fa fille mécontente de ces in-
formations , étoit revenue fans époufer le jeune homme, ce
voyage en tête à t ê t e , n’aùroit porté aucune atteinte à fa réputation.
CHAPITRE
C H A P I T R E X I V -
L E J U R A .
1 3»7- h n’ai parlé jufques ic i que des montagnes & des
collines qui font fituées fur la rive orientale du Lac de Geneve ;
je dois à préfent dire un m o t , de celles qui dominent fur la
rive oppofée.
L e s côteaux qui bordent cette rive préfentent le brillant
afpeét d’une belle culture & d’une riche population; mais
les montagnes que l’on voit au delà de ces c ô te a u x , n’offrent
ni la va rié té , ni les belles gradations du magnifique amphithéâtre
des Alpes. L e Jura f e u l , éloigné du Lac de 3 à 4
lieues, termine l’horizon au Couchant & au N o rd , comme une
longue muraille bleuâtre , dont la monotonie n’eft interrompue
que par quelques b rè ch e s , & quelques éminences peu con-
fidérables.
§. 328. O n place communément le commencement dü
Jura, fur les bords du Rh in , entre Zu ric & Bâle. La montagne
dite le Boe zb e rg , que l’on paife en allant de Bruck à
Rheinfelden, appartient au Ju ra , qui eft déjà là d’une hauteur
■j confidérable.
L e Jura du tems de C é s a r , féparoit les Helvétiens de ces
peuples de la G au le , qui portoient le nom de Seqmni, & qui
habitent aujourd’hui une partie de la Bourgogne & de la Fran-
che-Comté. Helvetü çontinentur... alterà ex parte Monte J u r a ,
L 1
Côte occidentale
du
Lac.
Situation!
du Jura.