leur fubf- Sa fubftance même eft très-poreufe , 'on n’en voit nulle part
tance eft po- -, , n
reufe. de grands morceaux tranfparens & exempts de bulles ; on n’y
voit pas non plus de greffes b u lle s , comme dans la glace
ordinaire; on à peine à en trouver dont la grandeur furpaflè
celle d’un p ois; fouvent ces bulles font alongées, leurs formes
font tortueufes & bizarres , femblables à celles que prend du
plomb fondu en fe figeant au milieu de l’eaü. Les parties de
cette glace n’ont pas entr’elles beaucoup de cohérence : obligé
bien des fois a tailler des efcaliers dans des murs folides qui
en étoient comp o fé s, je ne l’ai point trouvée aufli dure que
la glace commune ; & il eft bien naturel que cette multitude
de pores la rende moins compacte. Elle n’eft pas non plus,
comme on l’a p rétendu, plus difficile à fondre que la glace
ordinaire.
efUiTpro-5 §• ^ T o u t e s ces propriétés de la glace qui remplit les
congélation k autes des A lp e s , prouvent qu’elle n’a été formée, ni
d’une neige P3* 1® congélation de grands réfervoirs d’e a u , ni par une apti'eau.
plieation fucceflive de lames d’eaü qui fe g e len t , comme dans.
les ftalaélites de glace. Toutes les glaces formées de l’une
ou dé l ’autre de ces deux maniérés, font tranfparentes, com-
paétes, & fi elles ont quelques efpaces troublés par des pores,
toute leur fubftance n’en eft pas uniformément remplie. II
n’y a que la glace formée par la congélation d’une neige imbibée
d’eau, qui reflemble parfaitement à la nôtre ; Peau ne
pouvant pas chaffer tout l’air qui eft lo g é dans les interftices
des particules de la y n e ig e , cet air joint à celui qui fe développe
dans le moment même de la con géla tion , forme les:
bulles nombreufes dont cette glace eft remplie. : 11 eft aifé de
fe convaincre de la réalité de cette obfervation, en faifant geler
, a deffein de la neige mouillée. . O n verra avec furprife le
nombre & les formes tortueufes des petites bulles qui troubleront
fa tranfparence , & fi l’on voit enfuite celle de nos glaciers,
on fera frappé de fa reffemblance avec cette glace factice.
J’infifte fur cette obfervation, parce qu’elle me donna
en 1 7 ^ 4 , la folution du problème de la formation des glaciers.
q. ç,27. I l eft évident qu’il doit s’accumuler une immenfe Origine des
° : 1 ^ / . a i Glaciers,
quantité de neige dans le fond des hautes vallees des Alpes ;
non feulement parce que pendant neuf mois de l ’aimée, toute
l’e au , qui dans les régions inférieures, tombe fous la forme
de p lu ie , ne tombe dans ces hautes vallées que fous la forme
de neige ; mais encore parce que les pentes rapides des montagnes
qui les entourent, verfent dans leur fein toutes celles
qu’elles reçoivent : car les rochers nudç & efearpés ne pouvant
pas retenir les neiges qui s’entaffent fur leurs flancs , elles
gliffent & forment ces avalanches terribles dont nous parlerons
ailleurs.
L e s neiges accumulées par ces deüx caufes dans le fond
des hautes vallées , condenfées par leur chute & par la pref-
fiou de leur g ra v ité , demeurent là prefque fans aucun chang
ement, jufqu es a ce que la chaleur du Soleil & les vents
chauds de l’été tempèrent le froid naturel à ces hautes régions,
& réfolvent une partie de ces neiges. Je dis m e p a rtie, car
puifque les avalanches qui tombent dans des vallées affez baffes
& affez chaudes pour être cultivées , ont quelquefois de la
.peine à fe fondre pendant tout le cours de l’é té ; on juge bien
que celles qui tombent dans les hautes va lle e s , inhabitables &
incultes à caufe du froid qui y re gn e , ne peuvent jamais fe
fondre entièrement. Il relie donc dans ces va llee s, même a
la fin de l’é té , de grands amas de neiges que les chaleurs
K k k a