J e in’étois d’abord propofé- de compofer ainfi un tableau
complet & fidele, de tous les faits relatifs à la Géologie que
préfentent les environs de Geneve , & les montagnes des
Alpes que j’ai parcourues : & je voulois donner ces faits fans
aucun mélange de Th éo r ie , afin de réferver toutes les con-
fidérations de ce genre pour les Réfultats qui termineront
le troifieme & dernier volume de cet ouvrage. Mais en mettant
la main à l’oeuvre, j’ai vu que ce plan auroit deux in-
convéniens ; l’u n , de former un ouvrage plus aride encore
& plus ennuyeux pour ceux qui n’auroient pas la paflion de
la Géographie phyfique ; l ’autre, d’entraîner des répétitions ;
parce qu’en venant à ces Réfultats, il auroit fallu néceffaire-
ment rappelïer & retracer les faits dont ils auroient été les
conféquences. J ’ai donc préféré de donner de tems à autre,
à la fuite des faits importans pour la Th éor ie , les conféquences
qui me paroiiToient en découler. Quand on viendra enfuite
aux Réfultats généraux, on verra qu’ils ne font autre chofe
que ces mêmes conféquences, rapprochées, mifes en ordre,
rendues plus complétés,’ & étayées par des obfervations que
je n’aurai pas eu occafion de décrire dans le cours de l’ouvrage.
Je ne publierai que dans trois ou quatre ans le troifieme
volume qui renferme ces Réfultats , parce que j’ai encore
des voyages & des recherches à faire pour acquérir de nouvelles
lumières fur quelques points importans de la Théorie.
Mais le fefcond volume, qui contient la fuite de mes voyages
d an s
D I S C O U R S F R É L I M I N A I R E . x v i î
dans les Alpes, paraîtra dans dix-huit mois ou deux ans au
plus tard.
On verra dans ces voyages, que je me fuis attaché de préférence
à l’étude des montagnes primitives, & fur-tout à
celles de Granit. Si la Nature paroît quelquefois avoir voulu
cacher la marche qu’elle a fuivie dans la production de certains
êtres i c ’eft fans doute dans celle de ces montagnes, qui
touchant de plus près à la première origine des chofes, fem-
blent tenir à des myfteres d’une plus haute importance. Auffi,
malgré la curiofité qu’elles auroient dû exciter, font - elles
encore les moins connues. Le célébré Mr. P a l l a s , dont les
voyages en Ruffie ( i ) renferment tout ce qui peut intéreifer
un Naturalifte, & même un Homme d’E ta t , & l’ont peut-
être le plus grand & le plus beau modèle qui exifte en ce
genre , a raffemblé d’après l’immenfe tréfor de fes obfervations,
ce qui lui a paru le plus vraifemblable fur la formation
des divers genres de montagnes ( » ^ ais d n’a point voulu
toucher aux montagnes de Granit ; il leur a meme appliqué
ce pairage de l’Auteur des R e c h e r c h e s f a r les A m é r ic a in s ; „ qu’il
,, vaut autant écrire un traité fur la formation des étoiles, que
„ fur celle des rochers qui ont été élevés parles mains puif-
„ fantes de la Nature créatrice, à laquelle nous devons la
„ petite Planete fur laquelle nos Philofophes raiibnnent .
( r ) Reifen durch M Pro. ( g ) V o y e z ion difcours intitulé
vinzen des Ruffifchen Reichs. Peurs- Obfervations fu r la formation des mon.
bure. I I I . Fol, a». 1776. taSncs\ &C' ’ PetersburS W - V