Epreuves,
fur la température
du
Lac de
Jeux.
l ’élévation e ft, fuivant les obfervations du baromètre, de 240
toifes au deffus du L ac de Joux , & de 5 5 7 toifes au deiîus
du Lac de Geneve. • Noua mîmes une heure & demie à faire à
pied cette montée ; & quoique la journée fût exceffivement
chaude, nous ne fouffrîmes pas beaucou p, parce que l’on
monte prefque toujours à l’ombre & par une pente douce,
dans des prairies bordées de Hêtres & dé Sapins.
L a vue que l ’on a du haut de cette pointe eft après celle
de la D o l e , une des plus belles du Jura. On découvre au
N o rd jufques à Pontarlier, au Midi & au Levant la plus grande
partie du Lac de G en e v e , tout le Lac de Neuchâtel, la ville
d’Yverdun & fes environs décorés de jolies maifons de cam-
pagne ; & enfin , ce qui fixe toujours les regards des amateurs
de montagnes, une grande partie de la chaîne des A lp e s , dont
on découvre d’i c i , du côté de l ’O rien t, des cimes que nous
ne voyons que confufémeut, ou même point du to u t , des environs
de G en ev e,-
L e s couches calcaires de la D e n f de Vaulïon defcendent,
comme je l ’ai d it , §. 343 du cô té des Alpes, fous des angles
de 30 à 40 d e g ré s , & .fo n t coupées à pic du côté de la vallée
de l’O rb e , au deffus-de laquelle elles forment un précipice
effroyable.
§. 382. Nous ne nous arrêtâmes pas long-tems fur la Dent
de V a u lio n , nous voulions encore aller avant la nuit fonder le
L a c de J o u x , & chercher fa plus grande profondeur , pour y
placer des thermomètres, & les y laiffer jufques au lendemain.
Nous primes un petit bateau, & nous demandâmes qu’on nous
conduifit a l ’endroit du Lac le plus profond. O n nous mena
an pied des rochers efcarpés qui font à d em i-lieu e du
Pont, à-peu-près vis-à-vis de l’Abbaye : là nous jettâmes la fonde,
& n’ayant trouvé que 80 p ieds, nous effayâmes d’autres places,
niais toutes donnèrent des profondeurs encore moindres ; en-
forte que nous fûmes obligés de revenir à la première, où
nous plongeâmes les thermomètres à 8 heures 40 minutes du
foir. La température de l’eau à la furface, étoit de 1 1 degrésB \ ,
& celle de l’air de 1 2 j
L es thermomètres que nous laiffàmes au fond de l’eau-,’
étoient, celui d’Efprit-de-vin de M ich e l i , renfermé dans une
bouteille, §. 40 ; & un autre dont je n’ai point encore parlé.
§. 383. C e thermomètre eft de Mercure , il a été divifé par
Mr. P a u l , avec le plus grand fo in , fur une lame d’Argent
mince & étroite. Je l’introduis dans un tube de v e r r e , dont
les parois ont 9 lignes d’épailfenr; je remplis ce tube d’eau,
je le bouche avec des tampond de liege très-épais, & je le
renferme dans un étui de b o i s , épais d’un bon p o u c e , cerclé
de F e r , & fermé avec un couvercle de la même épaiffeur.
Lorfque la température de ce thermomètre diffère de 1 o ou 12
degrés de celle d’une eau tranquille dans laquelle on le p lo n g e ,
il lui faut 5 heures pour la prendre.
Pendant que nous fondions le L a c , & que nous pofions
ces thermomètres, la bife déjà forte étoit devenue très-violente,
& comme elle nous étoit directement contraire en revenant
au P o n t , nos rameurs avoient befoin des plus grands efforts
pour faire avancer le bateau : un de ces efforts caffa une de
nos ram e s , nous n’en avions point de refte ; enforte que
fi nous n’étions pas venus à bout de rattraper les deux moitiés,
Q -q 3
Thermo-
tre reiifermé
dans un
double étui.