Veftiges de
•ces derniers
■change-
siens.
violente débâcle de ces e a u x , qui entraîna dans notre vallée
des fragmens de montagnes très-éloignées : que cette même
vallée fut alors le lit d’ùn courant profond & rapide , qui lj
rempliffoit en entier, & qui fe dégorgeolt par deifus le Mont
de S io n , le Vouache , & par une échancrure fituéê entre le
Jura & cette derniere montagne : que cette échancrure s’ap.
profondit peu-à-peu ; 8c qu’enfin les eaux ayant graduellement
diminué, le courant n’occupa plus que le fond de la Vallée,
A mefure que ces eaux s’ abaiiToient, les collines élevoient leurs
têtes au deffus d’elles : celle dont Geneve occupe aujourd’hui
le fa ite , fut long-tems une prefqu’isle , entourée d’eaü de toutes
p a r ts , excepté du côté de Champel ; mais le courant des eaux
continuant de creufer fon l i t , fépara la colline de Geneve de
celle de St. J ean , & le Lac fe reiferra dans lès limites aétuelles,
§. 216'. C e s derniers changémens ont laiffé des traces encore
vifibles ; on ne peut pas révoquer en doute que le Plaiupalais
8c fes jardins, les plaines au deflbus de Lancy', celle de Karouge,
le Pré-l’E véqu e , n’ayent été anciennement couverts par les eaux,
& ne fe foient élevés par l’accumulation de leurs fédimens:
le niveau de leur fu r fa ce , les lits horizontaux de fable & de
gravier , dont ces terreins font fo rm é s , en font des témoins
irréc-ufables.
O n voit de même le lo n g du L a c , des plaines exactement
horizontales, couvertes de graviers & de cailloux rou lés, qui
aboutiifent à des collines efcarpées, dont la bafe paroît rongée
par les e a u x , comme fous P r e g n y , à R o l le , à D o v én e , entre
Aîlaman & M o rg e s , & dans un grand nombre d’autres places.
§. ■H7-
« 2 1 7 . E n f i n l’Hiftoire Civile vient ici à l’appui de l ’Hif- Monumens
v hiftoriques
toire Natiirèlle ; divers monumens concourent a prouver que i’abaiiTe.
les eaux du Lac couvraient, il y a 12 ou 1300 ans, tout le ^ du
bas de la ville de Geneve ; que ces eaux fe font retirées par
gradations , & que les maifons du quartier de Rive & des
Rues-baffes, n’ont été bâties que depuis leur retraite. ( 1 ) .
§. 2 18 . M ais cette abaiffement de la furface des eaux du
Lac, n’eft pas feulement l’effet de l ’excavation du canal qui eaux,
fe décharge ; il a été auffi produit par une diminution de la
quantité des ¡eaux qui s’y: jettent: diminution que bien des
confidérations tendent à faire croire continuelle & univerfelle,
fur toute la furface du , G lo b e , comme je ,1’ expoferai plus au
[long dans; les Réfultats.
§. 2 1 9. L ’e x p l ic a t io n que j’ai donnée dans ce chapitre, de d^ec^eer^
(l’origine des cailloux roulés & des blocs de Roches primiti- encore plus
, „ directes.
ves, qui fe trouvent difperfes dans nos environs, me paroit
fuffifamment démontrée pour les Naturaliftes. Ils favent bien
[que les Granits ne fe forment pas dans la Terre comme des
[Truffes, & ne croiffent pas comme des Sapins fur les rochers cal-
Icaires; & s’ils o n t , comme cela eft bien poffible, des idées différentes
des miennes, fur la caufe du mouvement des eaux qui les
ont chariés chez n o u s , du moins y en àura-t-il peu qui ne
rcroyent que c ’eft une grande débâcle , ou un courant d’une
[violence & d’une étendue confidérables, qui les a tranfportés
& dépofés dans leurs places aétuelles.
(l) Le public attend avec impatience , & de fes environs. C’eft d’apres les
i les fruits des favantes & laborieufes re- notes qu’il m’a communiquées, que j a,
cherches de M. Senebier , Bibliothé- cru pouvoir affiner, que le Lac s eft
Caire de notre ville , fur les antiquités abaiffé fenfiblement depuis huit ou dix
Naturelles & Littéraires de Geneve fiecles.