Explication
de M. B e r t
r a n d .
14 L E L A C D E G E N E V E thap. I.
Et réciproquement, on voit des changemens très-brufques
& très-grands dans la hauteur de l’A rv e , fans qu'il en réfirlte
des feiches.
L e 2 6 Octobre de l’année derniere 1 7 7 8 , après des pluies
abondantes ’& un vent chaud, l ’À rve en peu d’heures s’enfla
à un point où on ne l’avoit pas vue depuis 1 7 4 0 . L e cours du
Rhône en fut re tardé , & lès eaux haufferent à proportion de
celles de l’Arve ; le Lac s’éleva auffi , mais par gradations, •&
fans aucune de ces ofciüations rapides qui caraâérifent les
feiches: fon décroiflèment fe fit avec la même lenteur, quoique
celni de l’Arve eut été très-rapide. L e 2-6 Oétobre après
m id i, j ’avois marqué le plus haut point o ù ce torrent fe fut
élevé , & j’avois aùifi noté le point où étoient les eaux du
L a c dans le même moment. Le lendemain matin, je trouvai
l ’Arve baiifée de trois pieds , tandis que la furface du Lac
h’avoit defcendu que de fix lignes. Si l'o n réfléchit à l ’étendue
du L ac en comparaifon de l ’Arve , on comprendra que les
eaux d’un auffi grand réfervoir ne peuvent fùivre que de loin
& avec beaucoup de lenteur les variations de ce torrent.
■§. 2 4 . M. B er tr an d , Profeffeur de Mathématiques à Gen eve,
a réfuté complettement toutes c e s hypothefes, & il a donné
une explication très-ingënieufe de c e phénomène, dans un
difcours qu’il a prononcé dans une de nos folemnités académiques.
Il fuppofe que des nuées éleétriques attirent & foulevent
les eaux du Lac , & que ces eaux en retombant enfuite, pro-
duifent des ondulations, dont l’effet e ft, comme celui des
marées , d’autant plus fenfible que les bords font plus refferrés.
Les varia- §• 2 Je crois auffi que des variations promptes & locales
L E L A C D E G E N E V E . Chap. 1.
dans la pefanteur de l’a ir , peuvent contribuer, à ce phénomène
& produire des flux & reflux momentanés, en occafionant des
preffions inégales fur les différentes parties du Lac.
§. 26. L e Lac dans- fes grandes profondeurs, a prefque
partout un fond de vafe- très-fine, prefqu’impalpable, mélangée
d’argille & de terre calcaire.. Mais les bords lavés par
l’agitation, des vagues , montrent à découvert le fable, le gravier
& les cailloux roulés qui forment vraifemblablement, même
par - deffous la vafe, le fond, de la plus grande partie du Lac.
§.. 27: Ces fables & ces cailloux font ici libres &. roulàns.,
là réunis fous la forme de grès ou de poudingues.. Les rochers
& les écueils qui reftent cachés au deffous des e au x , ou qui
s’élèvent an deffus dë leur fu r fa ce , ne font , point adhérens à
ce fond & n’ën font point originaires. Ils y ont été tranfportés
par. les: eaux & viennent même de Montagnes très-éloignées.
Ainfi le rocher qui eft à l ’entrée du port de Geneve & qui
porte le nom de L’i em ■ « iïîiton , par corruption du nom de
Neptune, auquel il fut anciennement con fa cré , eft un granit
qui ne: peut- venir que des hautes Alpes éloignées de là de
dix lieues, au. moins en ligne droite.. On voit, en différens
endroits du L a c , d’autres rochers plus ou moins, grands, qui
font auffi des blocs roulés^ de g ran it, de ro ch e , de c o rn e , de.
roche, feuilletée,. a u de quelqu’autre roche primitive..
§. 28- L e fond du Lac eft' trop pur & fes’ eaux trop claires
pour qu’il foit très-poiffonneux ; mais en. revanche auffi, lés
poiffons qu'on y pêche-font falubres & plein de faveur. Nos
Truites ( Salmotr.utta E. ) nos Ombres ( Salmothymallui L. ) ,
C?) Comme la nomenclature- du Chevalier de L ie n e , eft prefqu’univeifsltions
de la
pefenteiirde
l’air peuvent
influer fur
les feiches.
Fond du
Lac.
Cailloux &
rochers dif-
perfés dans
le Lac.
PoiÎïbns dû
Lac.