Cette chaleur
produit*
même en
hiver , des
courans
d’eau feus
tes, glaces.
qu’au moment où les neiges font fondu es, elles font des pro.
grès étonnans, prépare's pendant leur féjour fous cet abri fà-
lutaire. Nous voyons dans nos Alpes la Soldanelle & le Crocus,
fleurir au printems, à mefùre que les neiges fe retirent ; leurs
fleurs brillent aujourd’hui dans la même place que la neige-
couvroit hier.
§. 5 3 3- La chaleur fcmterraine agit donc continuellement
fur les couches inférieures des glaciers & des amas de neiges,.
dont Pépaiflèur eft un peu confidérabfe. ; C’eft elle qui 'entretient
les torrens qui', même pendant les pins grands fro id s , ne
difcontinùent jamais de fortir de tous les grands glaciers.
L ’ e x a m e n de ce fait fut un des motifs qu i m’ëngagerent à
feire en hiver le voyage des glaciers de ChamounL Je trouvai
toute la vallée couverte d’une neige fi fortement g e lé e , que
les mulets chargés paffoient par deffus, fans b if fe r plus de traces
que fur un roc foïide ; & en telle quantité, que les paliffâdes
qui limitent les poffeffrons en étoient cachées-', & que l ’on fe
dirigeoit droit où l’on vou loit aller, fans, diftinguer lès chemins,
& fans chercher à les fuivr.eu
D 'a n s ce tems là même, ilfo r to it des courans d’eau de tous
lès glaciers'de la va llée , moins abondans fans doute qu’en été',
mais toujours tres-confidèrables. Q r d’où-pouvoient venir ces
e au x , fi ce n’eft dès neiges & des glaces fondues par la chaleur
fouterraihe ? J’ examinai- même les fonds de ces courans-;
ils n’ètoient poin t g e lé s , & il ne s’y formoit- 'aucune glacé
nouvelle ; toutes ces eaux dèfcendoiènt dans l’-Arve ; Se celle-ci-,
petite à là v é r ité ,, mais- toujours liquide ’, ven oit ‘ comme1 dans
la belle faifon, porter au Rhône le tribut de fes- eaux..
§ .' 534. L a fufion des neiges & des glaces par la chaleur
intérieure de la t e r r e , trouve encore de nouvelles preuves
dans la confidérationdcs amas de neiges, qui font difpofés par
couches parallèles à la furface du terrain.
C h a c u n e de ces couches; eft leî produit d’une année; &
c’eft furtout dans les glaciers du fécond genre qu’on peut les
obferver ; car ceux d û premier ; compofés prefqu’entiérement
de grandes avalanches, confufément entaffées, ne préfentent que
rarement des veftiges réguliers de leurs accroiffemens.- O n
obferve que les couches de neige font d’autant plus minces
qu’elles font plus voifines du fol fur lequel elles repofent. > Les
quantités inégales-qui tombent en différentes , années, les diffé-
rens1 degrés dé chaleur des étés , & d’autres caufes accidentelles
troublent un peu la régularité de cette progreffion, mais
n’empêchent pas- qu’il ne foit v ra i, qu’en général, les couches
les,plus profondes font auffi les plus minces. Le poids des;
couches iùpérîeures qui compriment les inférieures contribue-
fans doute à les amincir ; cependant leur denlité n’eft point
en raifon ïnverfe de leur épaiffèur r celles du fond contiennent
réellement beaucoup moins de matière que-celles de la furface.
Or cette diminution ne peut venir ; que de leur fo n t e , produite
par l’aâion de la chaleur foutèrrame,. '
§. 53 5. U n e autre caufe qui s’oppofe avec beaucoup d’efficace
à un aecroiffement exeeffif des neiges & des gla ce s, c’eft
leur pefantèur , qui lès1 entraîne avec une-rapidité plus ou moins
grande dans les baffes va lle e s , ou b chaleur de Lete eft affez
forte poùr les fondre;
L a chête des neiges fous la forme d’avalanches,eft un phé-
Cette' même
chaleur
amincit les
couches inférieures
de*
neiges.
Le poiu3*
des glaces-
les entraîne?
dans les b â t ies
vallées-..