-des Pierres eft un des ëlémens les plus indifpenfables de la
Théorie de la Terre. Il faut connoître la nature d’une fubf-
tance & les principes dont elle eft compofée, avant d’ofer
imaginer des hypothefes fur fon origine & fur fa formation.
Or on ne fauroit déterminer avec fiareté la nature de ces principes
& de leurs combinaifons, fans le fecours de l’Analyfe
chymique. Cette Analyfe me paroît auift indifpenfable au
Géologue, que l’Analyfe mathématique l’eft à l’Aftronome :
■& l'expérience a fait vo ir , que tous ceux qui ont ofé fe hazarder
dans cette carrière, fans être éclairés par le flambeau de l ’Analyfe
, font tombés dans les bévues les plus groflieres, & ont
fait prefqu’autant de chûtes que de pas : W histon , W ood-
WARD , L azaro Moro , Sc tant d’autres ont fourni des exemples
bien frappans de cette vérité. Il faut donc entrer dans
le laboratoire de l’A r t , pour apprendre à connoître les opérations
de la Nature. Je ne voulois cependant, ni ne pou-
v o is , dans un ouvrage de ce genre, donner un fyftême Complet
de Lithologie chymique. Voici donc le milieu que j ’ai
Cru devoir prendre ; je me fuis borné à la defcription des cailloux
roulés de nos environs , & j’y ai trouvé cette convenance
, c’eft que les différentes efpeces de pierres 'qui fe trouvent
parmi ces cailloux, font précffément celles que faurai
le plus fouvent occafion de nommer en voyageant dans les
Alpes. J’ai décrit avec le plus de foin les efpeces les moins
connues ; & les expériences que j’ai faites iùr la fufibilité de
ces différentes pierres, m’ayant conduit à découvrir la matièrepremière
des Laves & des Bafaltes, je me fuis permis une'
courte digreflion fur ce fujet..
J’ai donné de même dans cette première partie, mes principes
fur l’origine des cailloux roulés, fur la ftruéture générale
des montagnes fécondaires, fur les couches inclinées, fui-
leurs efcarpemens, fur les couches verticales, fur la plus ou.
moins grande abondance des productions marines que l’on
trouve dans les différentes couches d’une même montagne, &c~
L a fécondé partie de ce même volume contient un voyager
à Chamouni & au Glacier du Buet. Quelques-uns de mes
Lecteurs feront peut-être à cette partie , le même reproche
qu’à la précédente ; ils y trouveront trop de détails de Lithologie
, de defcriptions de montagnes, de giÎTemens dé couches-
Mais, je le répété , ce font ces’, détails , qui feuls peuvent former
la bafe d’une eonnoiffance profonde & folide ; fouvent ce:
qui paroît minutieux eft préciiement la feule chofe qui foitr
importante i j’ai quelquefois tire des lumières, de petites cir-
conftances que j’avois notées fur les lieux par pure exactitude
& fans en connoître le prix.. Et combien plus fouvent n’ai-je;
pas eu dé vifs regrets d’avoir négligé de noter des détails,,
dont je ne fentois l’importance que lorfque ma mémoire ne:
pouvoit plus me les retracer. J’efpere pourtant qu’on ne me;
reprochera pas de m’être noyé dans ces détails, & d’avoirr
perdu, de vue les rapports généraux..