Nant d’Ar-
p.enaz.
Grande
montagne
dont les couches
ont
dans leur
totalité la
form.e d’une
S.
Defcri'ptioil
du rocher de
te cafcade.
formée par un ruiffeau nommé Je Nant d’Arpemz , préfenté
un fpedacle aufli nouveau qu’agréable pour ceux que de fré-
quens voyages dans les montagnes n’ont pas accoutumés à
ce genre de plaifir. Mais un homme curieux de la ftrudure
des montagnes doit en s’approchant de cette cafcade , s’occuper
principalement du rocher du haut duquel elle tombe.
M r . R o u r r i t a deffiné fous mes yeux avec la plus grande
e x ad itu d e , & le rocher & la cafcade, vus du milieu des prairies
qui font au deffous du chemin. C ’eft fur ce deffin qu’a été
gravée la Planche IV e.
M a i s on n’a pas pu repréfènter dans ce deffin une montagne
beaucoup plus é le v é e , que ce rocher cache entièrement
parcequ’elle eft fituée derrière lui. Les couches de cette
montagne font la continuation des couches ¿fupérieures du ro-
eh e r! de la cafcade, & forment des arcs concentriques, tournés
en fens contraire ; enforte que la totalité- de ces couches a- la
forme d’une S , dont la partie fupérieure- fe recourbe fort en
arriéré;, la Planche gravée ne repréfente que la partie inférieure
de cette S. Ces- grands objets doivent être- vus de
loin & fous différentes fa c e s , pour que l’on puiffe faifîr l’en-
femble de leurs formes.; Mais il- faut fe rapprocher enfuite pour
obferver les détails.
L e rocher de la cafcade repréfenté par la Planche I V , eft
tout calcaire ; les couches qui font au deffous des lettres d &
a , font compofées de ce roc g r i s , compacte, dont les bancs,
comme nous l’avons vu plus haut, font ordinairement épais;
Mais les couches extérieures entre e & f , font du roc brun à
couches, minées, dont nous avons aufli parlé. Ces mêmes
couches minces fe voyent encore à l ’interfeétion des perpendiculaires
qui paffent par les lettres a & e.
Ic i donc c ’eft le roc gris qui eft renfermé entre deux bancs
de roc b ru n , au lieu qu’auprès de la caverne ( §. 4<S’7. ) ,
c’étoit le roc brun , qui étoit refferré entre deux bancs de
roc gris. Mais cette différence n’eft pas ce qu’il y a de plus
difficile à expliquer ; c’eft la forme arquée de ces grandes
couches dont il faudroit rendre raifon.
P o u r avoir une idée précife de îeur gran deur, je priai Mr.
P ic t e t & Mr. T r em b l e y de la mefurer géométriquement.
Ces Meilleurs prirent une bafe fuffifante dans les prés qui font
au deffous du grand chemin , vis-à-vis de la cafcade, & le ré-
fultat de leur opération trigonométrique f u t , que le point où
l’eau s’échappe du ro c h e r , eft élevé perpendiculairement au
deffus de ces prairies, de 818 pieds ;: & comme le point le
plus bas de la chute n’eft fûrement pas élevé de plus de y 8
pieds au deffus de cette bafe, il refte au moins 8oo pieds pour
la hauteur de la chûte. Ces prairies font elles-mêmes élevées:
de 7 7 ‘ toifes au deffus du Lac de Geneve..
L e plus grand des arcs de cercle que forment les couches'extéi-
rieures de ce ro ch e r , a donc pour corde une ligne d’environ 8oe>
pieds : dans toute cette étendue , ces couches de même que les iultérieures
, font fuivies fans interruption. ' Pour ne laiffer aucun
doute fur ce fujet, je gravis en r 7 7 4 jufques au pied de ces
couches, je les examinai & les fondai même en divers endroits;.
On peut donc être affuré que ce font de vrayes couch es, &
non point des fiffures,, ni aucune autre apparence illuibixe»
Mefure dfe
la cafcade.