Conjectures
fur la forme
primitive du
Mont Saleve.
En continuant d’avancer dans la même direétion, on voit
ces mêmes couches perdre leur fituation verticale & devenir
prefqu’horizontales ; leur pofition change même à un tel point
qu’au lieu de s’appuyer contre le corps du Mont Saleve
comme elles le font communément, elles lui tournent le dos
& fe relevent contre le Lac auquel elle préfentent leurs efear.
pemens. Mais peu-à-peu elles fe redreffent, & viennent a
former avec Phorizon, des angles de 83 à 84 degrés. Enfin
au deffus de Crevin,- elles reviennent à s’appuyer contre la mon.
tagne, commes celles que j’ai décrites les premières.
Sous le Petit Saleve, ces couches manquent entièrement; du
moins n’en ai - je vu aucun veftige. Il eft poifible que leurs
fommités ayent été détruites, & que leurs bafes demeurent
cachées fous les débris accumulés au pied de la montagne.
§. 238. D ’après cette defeription générale de la ftruéhire
aétuelle du Mont Saleve, s’il étoit permis de hazarder quelques
conjeétures fur fa forme première, je dirois : que je crois que
cette montagne formée, comme toutes les montagnes calcaires,
fous les eaux de l’ancien Océan, a dû avoir anciennement des
couches inclinées & defeendantes de notre côté , comme elle en
a du côté oppofé, & qu’elle étoit par conféqùent compofée
de couches alongées , mais concentriques, comme celles d’un
tronc d’arbre ou d’une racine : que des révolutions dont
j ’ignore la nature, ont détruit la partie defeendante des couches,
du côté du Lac , en laiffant à découvert leurs tranches
efcarpéés qu’enfin les couches verticales fe font formées e*
s’appuyant contre le pied de ces mêmes tranches.
Confidérï- § . 2 3 9 . J ’a i vu fouvent des couches verticales ou du moins
très*
très-inclinées, formées ainfi en s’appuyant contre des efearpe-
niens. J’ai vu même des couches de ce genre, fe former
dans des fentes de rocher. La grande crevaffe que j’ai décrite,
§• 2 2 5 , en fournit un exemple. On voit dans fon intérieur
deux couches épaiiTes & perpendiculaires à l’horizon,
¡appuyées contre les parois de la fiffure, & dont elles fuivent
[même les finuofités. Elles ont été par conféqùent formée*
dans l’intérieur de cette fiffure, & elles prouvent fon antiquité,
¡On en verra d’autres exemples dans la fuite de cet ouvrage.
Si les couches des montagnes n’avoient été produites que
par des accumulations de fédimens proprement dits, comme
on le croit communément, il n’auroit point pu fe former de
couches dans une fituation verticale , & toutes celles h qui nous
voyons cette pofition n’auroient pu la recevoir que de quelque
ibouleverfement ; mais comme les bancs de la plupart, des rochers
ont été produits, fuivant mes obfervations, par une efpece de
¡cryftallifation confufe, & que les cryftallifations n’affeélent aucune
fituation particulière, qu’elles fe forment fous toutes fortes
d’angles, on ne doit nullement s’étonnef de voir des couches
perpendiculaires à l’horizon, ou même contournées, & dans
[des fituations que des fédimens n’euffent jamais pu prendre.
§. 240. I l réfulte de là , que bien qu’il me paroiffe vraisemblable,
que le Mont Saleve a eu anciennement de notre
côté des couches inclinées, correfpondantes à celles qu’il a du
[côté des Alpes, je ne crois cependant point impoflible qu’il
¡ait été formé tel que nous le voyons, & avec les tranches de
^fes couches, coupées comme elles le font, du côté de notre
Vallée.
A a
tions générales
fur les
couches ver«
ticales.
g
Application
de ces principes
au
Mont Sale^
ve.;