Autre hy-
pothefe fur
ta formation
des glaciers.
n’ont point pu diffoudre ; & ce font ces mêmes n eiges, qui
abreuvées des eaux des pluies & des neiges fondu es, fe gelent
pendant l ’hiver, & forment ces glaces poreufés dont les glaciers
font compofés,.
J’ai vu fouvent a la fin de P é té , ces amas de neiges con-
denfées par leur poids & par Peau qu’elles ont imbibée
couvrir les glaces anciennes, contracter comme elles de lairges
& profondes crevaffes, & n’en différer que par un degré d’O"
parité & d’incohérence, que les froids de l ’hiver ne manquent
point de leur enlever..
C’est un fait connu dans lés Alpes ; toutes les fois que vous
rencontrez une grande avalanche qui a réfiftë aux chaleurs de
l e t e , & qui eft renfermee dans un fond où. l’eau peut s’arrêter-,
vos guides vous difent : ces neiges feront des glaces au prin-
tems prochain.
§. f 2 8 • C e t t e explication de la formation dès glaciers parmi
fi firnple & fi naturelle , que l ’on n’imagineroit pas qu’il
pût en exifter une autre. On fera donc bien étonné qu’un
Auteur moderne ( Voyez h Journal de Phyfique, May 1 7 7 9 . )
en ait propofé u n e , qui lui eft diamétralement oppofee. il
croit que les glaciers fe forment, non point pendant l’hiver-,
mais pendant l ’été , & même dans les plus grandes chaleurs.
Cet Qbfervateur, d’ailleurs très-habile, a vu quelques couches
de g la c e ,, formées accidentellement à la fuite de quelques nuits
fraîches , au haut d’un des glaciers de Chamouni, & il en a
conclu,, que- tous ces énormes amas de glaces font produits par
fo congélation qui fe fait pendant les nuits d’été-,. des eaux
des neiges fondues pendant le jour.
Il eft bien v r a i, que dans les nuits claires de l’été', il gele
fur ces régions élevées ; mais à l’exception de quelques endroits'
très-fingüliérement fitués, ou de: quelques nuits d’une fraîcheur
extraordinaire ; ce qui fe fond en é t é , même au plus haut point
des glaciers , pendant que le Soleil eft fur l ’horifon, furpaiïe
de beaucoup ce- qui fe gele en fan abfence. J’ai fr fouvent
paifé les nuits au pied & au bord même des glaciers, je les
ai tant de fois vifitës’ avant le le v e r du S o le il, que j’ai bien eu
la facilité d’obferver, quel pouvoit être fu r eux l’effet de la-
fraîcheur de la nuit. En arrivant à l’aube du jour fur les glaciers
, j’ ai trouvé des couches minces de g la c e , formées à la
furface des iéfervoirs d’eau que l’on rencontre fréquemment
dans les crevaffes des vallées glacées ; mais jamais cette glace
n’avoit plus d’un travers de doigt d’épaiffeur, & par conféquent
la congélation étoit bien éloignée de parvenir jufques au fond
des crevaffes , & de foudér entr’eux de grands glaçons ,.
comme le dît c e t Auteur r cette glace étoit claire, tranfparente,
exempte de bulles , abfolument différente de celle du glacier
même; & la chaleur du Soleil-pendant le refte de la journée,
fondoit en entier, non feulement cette glace nouvelle , mais
encore une quantité de l’ancienne;.
L es eaux dés neiges fondues, qui coulent fur' lës plaines de
g la c e , que l’on trouve au haut des grands glaciers, bien loin
de les augmenter , creufent- au contraire fur ces mêmes glaciers
de profondes ravines, & forment au milieu des-grandes vallées
de g la c e , ces Canaux tranfparens , remplis d’une eau' vive
claire , dont la fraîcheur égale-la pureté, & qui répare-fi p romp t
tement les forces du Naturalifte épuifé, qui vient fe défaltéren
fur leurs bords.
Réfutation’
de cette hy-
pothefe.