ces corps étrangers ou parafytes , comme Linnæus les appelle,'
ont été chariés par les eaux & cryftallifés dans ces fentes :
puis donc que les élémens du Granit font tous fufceptibles
de cryftallifation aqueufe , p o u rq u o i, dans les mêmes circonf-
tances, héfiteroit-on à reconnoître , qu’il a été aufli diffous &
cryftallifé par l’intermede des eaux ?
Je crus donc avoir fait un grand pas vers la connoiffance
de la formation du Granit, quand j’eus vu avec tant de clarté
que la Nature pouvoit le former par le iëcours de l ’eau. Mon
feul regret é to it i que la preuve de cette vérité fût cachée au
Centre des Alpes , dans un lieu fi peu à la portée de la plupart
des Amateurs de la Lithologie.
§. <Sor. M ais j’eus à la fin de la même année, le plaifir de
trouver ce même phenomene, dans un lieu bien fréquente &
d’un accès bien facile , puifque c’eft au pied des murs de la
ville de Lyon,
Si du dehors de la porte de la Croix-RouiTe on defcend
vers la S a ôn e , par un fentier qui côtoyé les murs de la v ille ,
on verra fur fa d ro ite , à-peu-près au deifous du F ort St. Jean,
des bancs de iàble dont les tranches font à découvert. Sous
ces fables on trouvera des Roches feuilletées, compofées de
Qpartz blanc & de Mica brillant, ici ro u g e , là noirâtre. Ces
couches font prefque perpendiculaires à l ’horizon , car elles
fout avec lui un angle de 80 degré s, en defcendant vers le
Couchant, & en courant du Nord au Sud.
C ’e s t là que j’ai trouvé un filon de Granit, large de 2 t
p o u ce s , & découvert dans une étendue d’environ 18 pieds.
ô b fe rv a-
tion fem-
blable . faite
à X you.
Ce filon, dont les bords font bien parallèles entr’e u x , traverfe
les couChes de la Roche feuilletée fous un angle de 30 degrés,
& fait avec l’horizon un angle de 50 d e g ré s , en defcendant
du même côté que ces couches. Le Granit qui compofe ce
filon, a contradé , comme celui de V a lo r fin e , quelques fif-
fures reclilignes, qui fie croifent allez irrégulièrement. On voit
dans ce même rocher, d’autres veines de Granit moins confi-
rables : la plus grande eft parallèle à celle que je viens de déc
r ir e , les autres lui font obliques.
J ’o b s e r v a i de femblables filons dans la Roche feuilletée , au
pied même du mur de la v i lle , & fous le fentier qui côtoyé
ce mur. Un d’entr’eu x , de 14 à i y pouces de largeur, eft perpendiculaire
à l’horizon , de même que les feuillets de la Roche,
Il palfe fous le mur & doit pénétrer dans la ville.
Puus près de la Saône & dans l ’intérieur même de la ville ,
eft une carrière de Granit, que l’on exploitoit dans le moment
où je la vis.
§. 602. E n f in j ’ai fait à Semur en A u x o is , une obfervation
analogue aux précédentes, & qui confirme la même vérité,
c’eft qu’il peut fe former du Granit dans les eaux, par la cryftallifation
fimultanée de deux ou trois différens genres de pierre.
L e rocher de Granit fur lequel cette ville eft b â tie , fe di-
vife naturellement en grandes malles, terminées par des côtés
p lan s , & ces malfes font çà & là féparées par des crevaffes-
d’une certaine largeur. J’ai trouvé dans ces crevaffes des amas
de Q u ar tz, de Feld-Spath & de Mica, mélangés comme dans
le Granit , mais en grains beaucoup plus g ro s ; c’étoient des
Obférvaw.
tion analoft.
gue faite à
Semur.
/