Couches
qui font ties
portions de
cène.
O n v o it , il eft v ra i, très-fréquemment des rochers coupés
fous toutes fortes d’a a g le s , par -des fiffiires plus ou moins larges
; ces fiifures qui abforbent les e a u x , font même les caufes
de l ’aridité de bien des montagnes du Jura.
Il eft encore v r a i , que dans certaines montagnes , ces fentes
obfervent entr’elles un parallélifme frappant, qui pourrait in-
duire en erreur un oeiî peu exercé.
M a i s un Naturalifte accoutumé à obferver les montagnes,'
ne s’y trompe jamais : il reconnoît les vraies couches à leur
é ten d u e, à leur régularité, fouvent au tiiïii même de la pierre;
car pour peu qu’elle foit feuilletée, on la voit fuivre dans les
petites parties, la direction générale des couches qui ne font
que de plus grands feuillets. Et quand tous ces indices me
manquent & qu’il me,refte des d ou te s , je ne les diflimule point;
je n’ai ëpoufé aucun fyftême qui me falfe préférer telle ou telle
forme à telle ou à telle autre ; on en verra des preuves dans
la fuite de cet ouvrage. L or s donc que j’affirme que des couches
perpendiculaires à l’h o r ifon , on peut être affiné qu’elles
le fo n t , ou exaftement ou à peu de degrés p r è s , & que j’ai
pris toutes les précautions néceffaires pour n ’être point déçu
par des fentes accidentelles.
§. 342. D a n s quelques endroits du J u ra , on voit des ef-
p.eces de demi-cirques, formés par des rochers dont les cou*
ches font des portions de la furface d’un même c ô n e , & tendent
à un centre commun, élevé au deffiis de l ’horizon.
A in s i auprès de Pontarlier, le village de Clufe ç f t fitué dans
une plaine ouverte au M id i , & fermée au N o rd par une enceinte
demi-circulaire, que forme un rocher continu & très-élevé.
L’extrémité occidentale de ce rocher en demi-cercle, eft compofée
de couches qui montent au Levant, fous un angle de 45 degrés,
tandis que l’extrémité orientale a fes couches montantes en
fens contraire contre le Couchant : les couches du milieu de
l’enceinte ont des fituations intermédiaires, enforte que toutes
les couches, prolongées du côté du C i e l , fe réuniroient à un centre
commun , & formeraient la moitié d’un cône ou d’une pyramide.
On diroit que ces couches ont été anciennement
difpofées comme la charpente du toit d’une t o u r , mais que
les ravages du temps ont abattu, & le faîte du toit & une moitié
de la to u r , enforte qu’il ne refte que quelques folives qui indiquent
encore fa forme première.
§. 343. M a i s il eft bien plus fréquent de voir des montagnes
dont les couches ont la forme d’une demi-voûte, &
qui vues de profil, préfentent, comme notre montagne de Saleve,
une pente doüce d’un côté , & des efcarpemens de l’autre-
P l u s ie u r s vallées du Jura font fituées entre deux chaînes, d e
montagnes qui ont cette fo rm e , & qui fe préfentent réciproquement
leurs faces efcarpées. On croit même appercevoir
quelque correfpondance , entre les couches de ces montagnes
oppofées, & l’on dirait qu’elles furent anciennement u n ie s , &
que la partie intermédiaire a été détruite-, ou que la montagne
s’eft fendue du haut en b a s , & que fes deux moitiés fe font
écartées pour faire place à la vallée qu’elles renferment..
C ’e s t ainfi qu’au deffiis de la fource de l’O rb e , là Dent de
Vaulion releve contre le Nord les. efcarpemens de fes couches
fortement inclinées, tandis que de l ’autre côté de la va llée , à.
Couches
en forme de
demi-voûte*
ETcarpe-
mens oppo-
fés les uns.
aux autres^