Je fis fur ce point élevé une de mes premières obferva-
tions fur la chaleur directe des rayons du Soleil. Un thermomètre
de Mercure à boule n u e, expofé le. 27e. Juin aux
rayons direéts du S o le il, depuis midi jufques à une heure,
par un tems parfaitement clair. & ca lm e , à la diftance d’en,
viron y pieds au deifus du fo l de la prairie qui.forme le fommet
de la montagne, ne monta qu’au 10 e. degré de la divifion de
R eaumur; & a G en ev e, dans la même faifon & dans les mêmes,
circonftanc.es, il monte au moins au 26e. degré..
C e t te montagne eft dominée par un rocher efcarpé qui,',
s’il n’eft pas inacceflîble, eft du moins d’un bien difficile accès;
il paroît prefqu’entièrement compofé de coquillages pétrifiés,,
renfermés dans, un roc calcaire ou : Marbre greffier, noirâtre.
Les fragmens qui s’en détachent & que l’on rencontre en
montant, à la Croix, de. Fer ., font, remplis de. Turbinites de-
différentes efpeces,.
D e la Croix dè Fer-,. je redèfcendis à Glùfe par St. Sigif-
mond , en fuivant. des cimes élevées qu’on appelle les fommets
des Frétés* J’étois- placé dans le prolongement* de la vallée
de l’A r v e ,. enforte que j ’avois fous, mes yeux tout lé cours
de cette riviere depuis Clufe jufques, à Saleve, L e Soleil fur
la fin de fa courfe paffoit derrière des, vapeurs colorées, & éclair
c it l’A rv e , de maniéré qu’elle paroiffoit, entièrement enflammée.
Cette riviere de feu ferpentant à: perte de vue au milieu de
ces hautes montagnes, & dans le fond dé ces belles vallées,,
prefentoit; le fpedaclë le plus., heau & le plus extraordinaire
que l’on puiffe imaginer*
Maglan» §. 4 7 o.. A. un petit quart de lieue de ces, belles- fourbes
qui nous ont fi fort détourné de notre chemin , la grande route
paffe au travers du beau village de Maglan. Les habitans de
ce village font prefque tous à leur aife ; ils vont en Allemagne,
y font avec beaucoup d’économie un commerce d’abord très-
petit , mais qui s’augmente par d egré s, & reviennent au pays
avec de petites fortunes.
U n peu au delà de ce v illa g e , les guides qui conduifent
les Etrangers aux Glaciers, leur font tirer des grenades pour
entendre les Echos qui font ici d’une beauté remarquable. On
entend le même coup fe répéter un très-grand nombre de
fois, après quoi les rochers propageant & répétant toujours
le même fon , produifent un long rétentiffement, femblable en
grand à celui que rend un Claveflin , quand on le heurte
avec force.
§. 4 7 1 . A une petite lieue de M a g lan , on rencontre de
grands blocs de Marbre gris , qui pendant l’hyver de 1 7 7 5
fe détachèrent du haut de la montagne, .& roulèrent jufques
fur le chemin & même par delà. En levant les yeux fur la
gauche 011 voit à la hauteur de 14 ou 1 y cents pieds, la place
qu’ils ont abandonnée. Cette place vuide forme une n ich e ,
couverte encore d’un grand plateau de rocher fur lequel croif-
fent des arbres. La forme de cette niche eft celle d’un prifme
triangulaire, dont la bafe eft un triangle rectangle. Les couches
de ce rocher paroiffent horizontales ; mais elles avoient
comme on le v o it , des fentes verticales ; les eaux qui s’étoient
infinuées dans ces fen te s , fe gelerent par le grand froid de
* 7 7 6 , & leur dilatation fépara & détacha ces grandes maffes.
Beaux
échos.
§. 4 72 . A «ne petite lieue de Ma glan, une jolie cafcade, Cafcadeda
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