Vire de la
Sole
Le Jura
même dont
■elle fait partie
.
Plufieurs
Lacs.
s’écarte très-peu du fien. M. Fatio avoit trouvé par des obfervations
Trigonométriques la hauteur de la D o le , au deffusdu
L a c de 6<¡4. töifes. Hiß. de Gen. T., I I , p. 4 1 7 .
C e fommet domine non feulement le L ac de Geneve & fes
a lentou rs, mais encore -tout le Ju ra , don t il préfenteroit l’en-
fembîe-, fi l’oe il pouvoit embraffer d’auffi grandes diftances. On
voit pourtant diftindément comment le Jura eft compofé de
chaînes paralleles. On peut même nombrer ces chaînes ; j’en
ai compté fe p t ; elles font toutes plus baffes que celle qui
fert de bafe à la D o l e , mais elles font d ’autant plus élevées
qu’elles en font plus voifines ; les plus baffes font comme je
l ’ai d i t , celles qui s’en éloignent le plus au Nord-Oueft. On
vo it du haut de la D o l e , les premières de ces chaînes tourner
leurs efcarpemens contre le L a c , mais celles qui font au delà
ne paroifTent que comme des ondes bleuâtres qu’on peut bien
com p te r, mais dont on ne démêle pas les formes.
O n prétend qu’au lever du S o le il, par un temps parfaite-
ment c la ir , on peut du fommet de la D o le reconnoître fept
differens Lacs ; le Lac de G en e v e , celui d’A n n e c y , celui des
R o u ffe s , & ceux du Bonrget , de J o u x , de Morat & de
Neuchâtel. Je crois bien effedivement que ces fept Lacs font
to u s , ou en t o u t , ou en partie à découvert pour le fommet
de la D o le ; mais je n’ai pourtant pu diftinguer que les trois
premiers ; quoique pour les voir j ’aie à diverfes reprifes affronté
le fro id , qui même au gros de l’été regne fur cette fommité,
dans le moment ou le Soleil fe leve : j ’appercevois bien quelques
vapeurs un peu accumulées dans les places où je favois
que ces Lacs devoient être ; mais je 11e voyois pas diftindé-
¿sn est leurs eaux.
Ci
Çe que l’on voit bien clairement & qui forme un magnifique
fpedacle du haut de la D o le , c’eft la chaîne des Alpes.
On en découvre une étendue de près de cent lieues ; car on
les voit depuis le Dauphiné jufques au St. Gothard. Au .centre
de cette chaîne s’élève le Mont Blanc , dont les cimes neigées
furpaffent toutes les autres cimes, & qui même à cette dif-
tance d’environ 33 lieu e s , pasoiflent d’une hauteur étonnante.
La courbure de la T er re & la p e r fp ed iv e , concourent à déprimer
les montagnes é loignées, & comme elles diminuent
réellement de hauteur aux deux extrémités de la chaîne, on
voit les hautes fommités des Alpes s’abaiffer fenlîblement à
; droite & à gauche du Mont B lan c , à mefure qu’elles s’éloignent
de leur majefteux fouverain.
Pou r jouir de ce fpedacle dans tout fon éclat, il faudroit
[le voir comme le hafard me l’offrit un jour. Un nuage épais
couvroit le L a c , les collines qui le bordent, & même toutes
Iles baffes montagnes. L e fommet de la D o le & les hautes
j Alpes,; étoient les feules cimes qui élevaiTent leurs têtes au
defîus de cet immenfe voile : un Soleil brillant illuminoit toute
la furface de ce nuage; & les Alpes éclairées par les rayons
! direds du S o le il, & par la lumière que ce nuage, reverberoit
! for e lle s , paroiffoieftt avec le plus grand éclat, & fe voy oient
à des diftances prodigieufes. Mais cette fituation avoit quelque
chofe d’étrange & de terrible : il me fembloit que j etois
feul fur un rocher au milieu d’une Mer a g ite e , à une grande
diftance d’un continent bordé par un long ré cif de rochers
inacceflibles.
Peu-a-peu ce nuage s’éleva, m’enveloppa d’abord dans fon
•bfcurité, puis montant au defîus de ma tête , il me découvrit
O o
Moment
unique pour
ce fpe&acle.