de bafe à la Théorie de la Terre ou à la Géologie, c’effc la
Géographie phyfique, ou la defcription de notre Globe ; de fes
divifions naturelles ; de la nature, de la ftruéture & de la
fituation de fes différentes parties ; des corps qui fe montrent
à là furface,& de ceux qu’il renferme dans toutes les profondeurs
où nos faibles moyens nous ont permis de pénétrer*
Mais c’effc fur-tout l’étude des Montagnes, qui peut accélérer
les progrès de la Théorie de ce Globe. Les plaines font
uniformes, on ne peut y voir la coupe des terres & leurs différais
lit s , qu’à la faveur des excavations qui forit l’ouvrage
des eaux ou des hommes: or ces moyens font très-infuffi-
fans, parce que ces excavations font peu fréquentes, peu
étendues, & que les plus profondes defcendent à peine à deux
ou trois cents toifes. Les hautes montagnes au contraire
infiniment variées dans leur matière & dans leur forme , pré-
fentent au-grand jour des coupes naturelles, d’une très-grande-
étendue, où l’on obferve avec la plus grande clarté, & où l’on
embraffe d’un eoup-d’oeil, l’ordre, la fituation, la direction,
l ’épaiffeur & même la nature des aififes dont elles font com-
pofées, & des fiffures qui les traverfent.
En vain pourtant les Montagnes donnent - elles la facilité:
de faire de telles obfervations, fi ceux qui les étudient ne
favent pas envifager ces grands objets dans leur enfemble , &
fous leurs relations le& plus étendues. L ’unique but de la
plupart des Voyageurs qui fe difent Naturaliftes, c’eft dé recueillir
des curiofités ; ils marchent ou plutôt ils rampent, les
yeux fixés fur la terre, ramaffant çà & là de petits morceaux,
fans vifer à des obfervations générales. Us reffemblent à un
Antiquaire qui grateroit la terre à Rome, au milieu du Panthéon
ou du Colifée, pour y chercher des fragmens de verre
coloré , fans jetter les yeux fur l’architeélure de ces fuperbes
édifices. Ce n’efl; point que je confeille de négliger les obfervations
de détail; je les regarde au contraire, comme
l’unique bafe d’une connoiflànce folide ; mais je voudrais qu’en
obfervant ces détails, on ne perdit jamais de vue les grandes
maffes & les enfembles ; & que la connoiflànce des grands
objets & de leurs rapports fut toujours le but que l’on fe
propolat en étudiant leurs petites parties.
Mais pour obferver ces enfembles , il ne faut pas fe contenter
de fuivre les grands chemins , qui ferpentent prefque
toujours dans le fond des vallées, & qui ne traverfent les
chaînes de montagnes que par les gorges les plus baffes : il
faut quitter les routes battîtes & gravir fur des fommités élevées
d’où l’oeil puiffe embraffer à la fois une multitude d’objets.
Ces excurfions font pénibles, je l’avoue ; il faut renoncer aux
voitures, aux chevaux m êmes, fupporter de grandes fatigues, &
s’expofer quelquefois à d’affez grands dangers. Souvent le Na-
turalifte, tout près de parvenir à une fommité qu’il defire vivement
d’atteindre, doute encore fi fes forces épuifées lui fuffia
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