Ravages du
tems fur les
rochers de
i'aleve.
Rochers
taillés à pic.
Débris en-
taffés.
Grande fif-
fure.
m in qui de ce hameau defcend aü village de .C oU on g e , paiTe' fUr
des couches in cliné es, comme celles que je viens de décrite,
§. 2 3 6. La où: ces couches manquent, il eft aifé de voir
qu’elles ont été détruites par le téms; les couches mêmes ho,
rizontales, contre lefquelles elles font appuyées, ont fouffert en
bien des endroits, des altérations confidérabies.
Un peintre qui voudroit monter fon imagination, & fe faire
de grandes idées des ravages du tems fur de grands objets,
devroit aller au pied de SaleVé * à l’extrémité de ces grands
ro ch e r s , au delfus du Co in , hameau fort élevé de la paroiflt
de CoUonge.
On vo it là des rochers taillés à pic j à la hauteur de pli
fleurs centaines de p ied s , avec des faces , ici planes & uni>
fo rm é s , là partagées & fillonnées par les eaux.
La bafe de ces rochers eft couverte de débris & de fragment
én o rm es , confufénlent entalfés. Un de ces débris foutenu fortuitement
par d’autres, eft demeuré d e b o u t, & paroît de près
un obélifqüe quadrangulaire d ’une hauteur prodigieufe ; de plus
loin on reconnoît que fa fommité eft une arrête tranchante,
& qu’il â la forme d’un co in ; & c ’eft peut-être cette forme
qui a donné fon nom au hameau qü’il domine.
L ’ a n g l e même de la montagne eft partagé par une fente
qui le traVerfe de part en part. Cette profonde filfure mérite
q u ’on la v o y e ,& m êm e qu’on la pénétré. Elle eft tortueufe,
& dans quelques endroits il é tro ite , qu’à peine un homme
peut-il y paifer. Quand vous y êtes engagé , vous trouvez des
¡places où les finuofités du rocher vous cachent le C ie l, plus
Roin elles le laiiTent appercevoir par échappées ; ailleurs vous
I* ez des blocs de rochers engagés dans la crevaffe, & fuf-
tendus au, deffus de votre tête.
I La première fois que je vifitai ce fite fingulier, & que je
ténétrai dans cette filfure, j’éprouvai une efpeee de faifiïïement
■dont il eut été difficile de fe défendre. J’étois fe u l, fort jeune,
& peu accoutumé à ce genre de fpeélacle : ces rochers efcar-
ip é s , ces fragmens entalfés, réveilloient des idées de dévafta-
■tion & de ruine : cette profonde folitude n’étoit troublée que
B a r des Corneilles qui nichoient dans ces ro ch e r s , & qui
■craignant pour leurs petits, s’ attroupoient autour de moi en
Baifant des croaffemens a ffreu x , répétés mille & mille fois par
Bes échos, venaient enfuite fe pofer fur des corniches élevées
p u deffus de ma tê te , & là battant des ailes, & pouffant contre
■moi des cris lugubres , elles fembloient maudire l ’indifcreü
■étranger qui venoit- troubler leur' repos. IVIais les, fenfations
de ce g en re , mélangées d’étonnement & d’effroi, caufent une
■émotion agréable. Elles reffemblent en cela à celles qui fon t
■mêlées d’admiration & de douleur ; c ’eft ainfi que le Laocoon
ou le Gladiateur mourant vous attache en même tems qu i l
■vous, déchire.
§. 2 3 7 . E n fuivant le pied de la montagne, entre le Coin
■& Crevin, on voit reparoître nos couches verticales ou tres-
■inclinées, qui vis-à-vis du C o in , ont ete détruites, comme je
■viens, de te dire. Ces couches, là où elles commencent à re -
I paraître, font dans un très-grand défopdre. On tes recpnnoit
■pourtant fort bien » & on tes voit diftinitement s’appuyer contre:
I le s bancs horizontaux de la montagne.,
Suite- dé !hi
description
des couches-
verticatev