Pétrifications
remarquables.
d’Hiftoire Naturelle ; j’y ai féjourné deux ou trois fois, &
j’ai toujours été bien reçu des Chartreux qui l’habitent. JVii
première Vilite leur caufa pourtant un grand effroi, je tra.
vaillois alors à une colleétion des oifeaux des Alpes. Je
portais un fufil ; deux domeftiques que j’avois avec moi en
portoient aufli ; des Chaffeurs , qui me fervoient de guides
étaient aufli armés. C’était un jeudi ; les Chartreux jouiffoient
de cet inftant de récréation , qu’ils appellent fpaciment, i|j
prenoient le frais dans un bois auprès du Couvent ; nous ar.
rivâmes par hafard par ce même bois, & les paifibles hôtes
de cette folitude fe voyant tout-à-coup environnés d’hommes
inconnus & armés, crurent que c’étoit fait de leur v ie , &
qu’au moins nous venions pour piller le Couvent. J’avois
beau leur expliquer les motifs démon voyage; la curiolîté leur
fembloit un mobile trop foible, pour engager à venir voir des
montagnes qui leur paroiffent fi triftes & fi ingrates ; & tout
cet armement pour tuer de petits oifeaux, étoit à leurs yeux
un pretexte ridicule & prefque dérifoire. Ils nous offrirent
pourtant d’entrer dans le Couvent, & de nous y rafraîchir,
perfuadés qu’également nous y entrerions de force; ce ne fut
qu’après avoir vu mes inftrumens de Phyfique, & nous avoir
examine fcrupuleufement, qu’ils fe perfuaderent que nous n’avions
aucun mauvais deffein.
Les montagnes des «environs de cette Chartreufe font très,
intereffantes pour la Botanique , & même pour la Litho
logie. On trouve dans la vallée un peu au deffus du Couvent,
un banc d une pierre calcaire noirâtre, qui renferme de jolies
Terebratules, des Cornes d’Animon, des Turbinites, &c. Mais
j’y ai trouvé une chofe bien plus remarquable. On fait
¡es coquilles pétrifiées fe trouvent pour l’ordinaire remplies f
ou de la matière même du banc dans lequel elle font renfermées
, ou de quelque matière analogue , qui s’y eft infirmée
par infiltration. Ici au contraire, de groffes Cames pétrifiées,
étoient remplies de fable , & renfermées pourtant dans l’intérieur
du roc calcaire. Ce fable ¿féparé par l’Acide nitreux de
¡a Terre calcaire qui le lie & l’empâte, m’a paru compofé
de grains anguleux & irréguliers de Quartz demi-tranfparent.
Si l’on confidere la nature de ce fa b le , je crois qu’il pa-
Iroitra impoffible qu’il fe foit engendré ou infiltré dans le fein d’un
rocher compade $c de nature calcaire : il faut donc que ce foit
I le fable de la Mer qu’hàbitoient ces C am e s , qu’elles en ayent
été remplies, & qu’enfuite les flots les ayent portées fur ce
j rocher, dans le tems même de fa formation.
§. 2.8y. Au deffus du C o u v en t, du côté de l ’intérieur des
1 Alpes, on voit une cime calcaire d’une très-grande hauteur &
abfolument inacceflible ; c ’eft uii feuillet mince, qui s’élève comme
une crête par deffus une tête de rocher déjà très-élevée. Cette
| crête eft percée à j o u r , près de fon bord occidental. On d it
tingue depuis le Couvent cette ouverture , avec des lunettes,
1 & même fans lunettes avec de bons yeux : cette cime fe voit
diftindement du haut, du Môle & même de nos plaines. On
jla voit aufli de l’intérieur des A lpes, au Nord-Oueft au deffus
de Salanche. La chaîne dont elle fait partie , s’abaiffe rers
la vallée de l’A r v e , & vient finir au deffus de la ville de
Clufe, comme on le voit aufli du haut du Môle.
§. 2 86. L e Môle lui-même, ( car tou:jurs occupés de ce
qu’on voit de fou fom m e t, à peine a,jn s - nous dit un mot
F f 2
Cime calcaire
très,
èlevce.
Strutture
du Mò le , fi