Doutes que
l ’on pourrait
ci e ver.
Moyen de
prévenir ces
doutes.
que la preffion de l’athmofphere fait entrer de Peau dans la
bouteille, à mefure que l’air fe détruit ou fe décompofe. Ainfi
je trouve ordinairement après le mélange ', que la bouteille
contient une o n c e , 6 g ro s , 40 grains de plus qu’elle n’auroit
f a i t , fi au lieu d’y introduire un mélange d’air commun &
d’air n itreu x , je n’y euife mis que d’une feule efpece de ces
airs, parce que par le mélange il s’abforbe une quantité d’air
équivalente à un peu plus qu’une de mes meiures.
M a is fi je m’étois contenté de faire Amplement ces épreuves
, d’abord dans la plaine, Sc enfuite fur la montagne, on
auroit foupçonné, que peut-être la différente denfité, tant de
l’air commun que de l’air nitreux dans les deux dations, ma-
difîoît leur vertu abforbante , enforte que l’on auroit ignoré,
fi l’on devoit attribuer la différence des réfultats a celle de
leur denfité , ou à une différence ihtrinféque entre l’air de là
montagne & celui de la plaine. D’ailleurs , quelques précautions
que l’on employé pour préparer Pair nitreux toujours
de la même maniéré, on ne peut pas fe promettre que dans
toutes les épreuves il aura exactement la même vertu j & fi on
le tranfporte dans une grande bouteille pour le tirer toujours
du même réfervoir, les incertitudes font peut-être plus grandes
encore, à caufe des changemens qui peuvent lui arriver.
P o u r détourner à la fois ces deux fources d’inexaâitudes
j’ai toujours eu foin de faire ces expériences à double, en
éprouvant dans le même- tems & dans le même lieu, les deux
différentes efpeces d’air que je voulois comparer entr’elles.
Ainfi quand jîeus formé le deffein de comparer Pair, de la
cime du Buet avec celui de la vallée de Ghamouni ; en -partant
pour la montagne j’emportai dans des bouteilles bien
nettes & bien bouchéesune [provifion de Pair, de la vallée-,.
& parvenu au fommet, je fis avec le même air nitreux trois
épreuves fur Pair de Chamouni, & trois autres épreuves fur
Pair de la montagne ; & ainfi je comparai ces deux airs dans.
l’air rare de la cime de la montagne- E n fu ite , avant de re-
ë e fcen d re , je lavai les mêmes bouteilles, je les remplis de
l ’air du B u e t, & dë retour dans la vallée de Chamouni, je
comparai de nouveau dans l’athmofphere plus denfe de cette
vallée , Pair de la cime du Buet à celui de la vallée de Chamouni.
En procédant de cette maniéré, & en prenant une moyenne
entre les réfultats que l’on o b tien t, il paroit impoflible qu’il
relie des doutes fur ces réfultats. Ceux que j’ai obtenus en
comparant ainfi l’air de la cime du Buet avec celui de Chamouni
, prouvent que Pair de cette va llée , mêle avec Pair nitreu
x , abforbe un volume équivalent à 38 grains d’eau de plus
que celui de la cime de cette montagne. Trois autres expériences
faite s, l’une fur le Grand S. Bernard, l’autre fur le
Piton la t'roifieme fur les V o iro n s , ont toutes donné des. réfultats
femblables, c’eit-à-dire,, que l ’air de ces fommités a para
moins pur que celui des plaines ou des va llé e s , fituées à leur
pied. L ’air qu’on refpire fur le glacier du Taléfre e f t le f e u l ,
qui d’après ces épreuves, ait paru meilleur que celui de là;
vallée de Chamouni & cela vient vraifemblàblement de ce que-
cet air eiï purifié par la quantité de vapeurs aqueufès , parfaitement
pures , qu’exhale l’étendue prodigleufé de glaces & de-
neiges , au milieu defquelles. ce glacier eft fitué. Far ces mêmes
épreuves, Pair de Geneve a paru, égal à celui de Chamouni
mais meilleur que celui des plaines du Piémont.
Puis donc que de cinq montagnes fur la- cime defquelles
j’ai fait ces expériences-, quatre ont donné un, air moins pun
que celui, des plaines, ou des. vallées fituées à leur pied-;
que la feule montagne qui ait donné un air plus pur que. celui!
Réfultat».