Echancrures
des chaînes
du Jura
Paffage de
Pierre - per.
tuis.
s’ élèvent vers leur centre; enforte que leurs plus hautes foin,
mités, fe trouvent dans les chaînes intérieures. Ce n’ëft pas
que le point le plus élevé foit toujours précifément au centre;
il eft fouvent plus proche d’un côté que de l’autre ; mais enfin
il- n’eft jamais au b o rd , à moins que quelque caufe locale,
n’ait rongé ou détruit les chaînes extérieures de la montagne.
O r dans le Jura tous les fommets les plus exhauiTés, font
fur la lifiere la plus voifine des Alpes. Les montagnes qui
dépendent du Ju ra , s’abaiffent par gradations infenfibles, à me-
fure qu’elles s’éloignent des A lp e s , & vont mourir dans les
plaines de la B ou rgo gn e , de la Franche-Comté, & de l’Evêché
de Bâle.
§. 3 3 1 . L es chaînes de montagnes dont le Jura eft corn-
p o f é , ne font pas continues d’une extrémité à l ’autre ; elles
font coupées en divers endroits. Mais les échancrures ou cré-
nelures qui les divifent, ne defcendent gueres qu’au tiers de
leur hauteur: les gorges les plus baffes par lefquelles on tra-
verfe le Ju ra , font toujours très-élevées au deffus des plaines,
iituées de part & d’autre de la montagne.
Aussi les Romains, pour faciliter la communication du pays
des Helvétiens avec celui des Rauraques, avoient pratiqué un
chemin au travers d’un rocher qui fait partie du Jura. Lu
route qui conduit du Y a l St. Im ie r , dans la Prévôté de Moii-
tier Grand - V a l , paffe encore au travers de ce rocher. Ce
paffage porte le nom de Pierre.Pertuis. L ’opinion commune
e ft , que ce font les Romains qui ont percé ce rocher & l’inf-
cription gravée fur le roc m êm e , femble en contenir la preuve.
n u m i n i a u g u s t o r u m . v i a f a c t a - p e r t i t u m
D UNNIUM PÂTERNUM DU UMVIRUM CO LON IÆ
HELVETICÆ. V o y e z Etat & Délices de la Suiffe. Nouvelle
Edition in-4° de M. F a u c h e , T ' II. p . 13 2 .
P o u r m o i, j’avoue que malgré cette infcription , je ne faurois
nie ranger- à Cet avis, Cette ouverture n’a point la régularité
des ouvrages des Anciens, & tous les indices extérieurs, femblent
concourir à prouver qu’elle a été formée par les eaux. Le rocher
percé barre un vallon é tro it, & en pente rapide au deffus de
lui : dans le fond de ce vallon coule un ruiffeau , qui n’a d’autre
ilfue que le paffage de Pierre pertuis ; enforte que fi ce paffage
étoit fermé , les eaux du ruiffeau combleroient le vallon , & en
formeroient un Lac. L ’ouverture eft plus large du côté- d’où
viennent les eaux ; la voûte irrégulière de cette ouverture eft
beaucoup plus exhauffée du côté du Levant,, côté vers lequel
la pente de la montagne a dû jetter le fil du courant; & les
rochers qui de ce même côté renferment le vallon au deffus
du paffage, font fillonnés en divers endroits, & à différentes
hauteurs, d’excavations profondes, dirigées fuivant la pente
des eaux, qui prouvent que ce vallon a été anciennement le
ht d’un courant d’un très-grand volume.
I l me paroit donc vraifemblable que le Duumvir Dunnius
l ’ aternus , n’a fait autre chofe que d’établir un grand chemin, au
travers d’un paffage que la Nature avoit ouvert bien des fîecles
ayant lui. L ’infcription ne dit rien de plus : elle ne dit pas
via aperta , mais via fa iïa per T. Dunnium Paternum.
§. 332. O n a déjà pu remarquer l’attention avec laquelle F 1
j’ai obfervé les inclinaifons des bancs des montagnes , & leurs n“ ale des