Les montagnes
fe
rapprochent
du Lac.
dès qu’elles ont dépaffé ces rochers , & qu’il s’eft ouvert un
large baflin, ces eaux fe font êxtravafées, ont perdu leur vîteflfe,
& ont dépofé les débris qu’elles charioient. On voit même
la colline s’abailfer à mefure qu’elle s’avance dans la vallée du
L a c , parce que les matériaux dont elle eft formée diminuoient
en quantité, à mefure que les eaux les dépofoient fur leur
route.
L a haute colline du J o ra t, fur le penchant de laquelle eft
bâtie la ville de Laufenne, a été formée par la même caufe,
fur la rive oppofée de ce même courant.
J ’a i obfervé des collines femblables & femblablement fi tuées,
à l ’entrée de toutes les grandes vallées des A lp e s , lorfque des
caufes locales ne fe font pas oppofées à leur formation. Nous
en verrons plufieurs exemples dans la fuite de cet ouvrage.
§. 320. D e Geneve à la T o u r-ro n d e , la côte orientale du
L a c eft bordée de collines de Grès ou de cailloux roulés;
& les montagnes proprement d ite s , fe tiennent à une diftance
aifez grande de fes bords. Mais de la Tour-ronde en haut,
les montagnes ferrent- le Lac de fi près, qu’on ne peut plus
le côtoyer que par un fentier é tro it, à peine aifez large pour
être praticable à cheval.
Ic i donc le Lac bordé par des montagnes hautes & efcarpées,
n’a plus ces bords riants, ces jolies coHines qui le parent dans
tout le refte de fes contours. Des rochers nuds & ftériles
ou des forêts pendantes, lui donnent cet afpeét trifte & fau-
v a g e , qu’a ii bien dépeint l’Auteur de la nouvelle Héloïfe.
■s s 2 i. On a pourtant bâti deux ou trois villages fur ces Village de
m jK È È m „ r , Meillerie.
bo rds efcarpés. L’un d’eux fe nomme Meillerie ; il eft fur le
penchant d’une montagne qui defcend fi rapidement dans le
Lac, qu’à une certaine diftance, les maifans paroiifent bâties
les ûnes fur les toits des autres, & que les communications du
bas au haut du village, reifemblent à des échelles plutôt qu’à
des rues.
Ce ^village fubfifte par la pêche, & plus encore par la vente
des pierres que l’on détache des rochers, qui dominent les bords
du Lac. On en charge de grandes barques pour les tranf-
] porter à Geneve, où on les nomme cailloux de Meillerie,
I quoiqu'elles foient de nature calcaire. Elle ne fouffrent pas
I trop le cifeau ; mais elles fervent à la groffe maffonnerie, &
à paver les talus qui défendent les bords du Lac & de l’Arve,
de l’érofion des eaux. _
Ces pierres qui font de couleur noirâtre , renferment fou-
J vent des veines de Spath blanc, confufement cryftallife en lames
j rectangulaires. M. R i l u e t a obfervé que ce Spath, malgré
I fa blancheur, & fa pureté apparente, exhale quand on le frotte,
j une odeur de bitume, moins fétide pourtant que celle de la
! Pierre-porc, ou Pierre puante. Et ce qu’il y a de bien re- I marquable, c’eft que le fond même de la pierre n’exhale au-
I cune odeur, quoique fa couleur noirâtre indique une ma-
! tiere bitumineufe , bien plutôt que la couleur blanche du Spath.
1 § . 3 2 2 . U n autre village au pied de ces montagnes, & Sai^‘,,ag^®
j plus confidérable que le précédent, fe nomme St. Gingo'uph. gouph.
Il n’eft pas bâti comme celui de Meillerie, fur la pente rapide
d’un rocher, mais fur des débris de ces montagnes
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