Lieu où le
Rhône d i t
parait.
On peut y
defcendre.
en hiver dans le canal inférieur, paroit couler avec beaucoup
de len teu r, fans doute parce qu’il n’a pas une inclinaifon bien
conlîdérable.
§. 404. Jusques ici donc r ie Rhône n’eft point encore
p erdu, puifque l ’on voit par-tout la furface de fes eaux. Mais
a a ou 300 pas au deffous du gouffre ou de l’entonnoir dont
j ’ai parlé plus haut, de grandes maffes de ro ch e r s , qui fe font
détachées du haut des parois du canal fupérieur, font tombées
dans ce même can a l, & ont été foutenues par les bords fail.
lans de la corniche qui eft au deffus du canal inférieur.
Ces blocs accumulés recouvrent ainfi ce c a n a l, & cachent
pendant l’efpace d’environ 60 p a s , le fleuve renfermé dans le
fond de ce conduit fouterrain. ' C ’eft donc là que le Rhône eft
réellement perdu , & c ’eft cet efpace de 60 p a s , dans le-
quel on ceffe de le v o ir , qui fe nomme la Perte du Rhône.
O n peut en paffant par deffus ces rochers entaffés, traverser
le Rhône à pied fec ; mais ils ne font pas d’un accès
fa c ile , il faut pour y parvenir, aborder fur cette co rn iche , qui
eft à 31 pieds de profondeur dans l ’intérieur du grand canal
dont les parois font taillées à pic. On y defcend par une grande
é ch e lle , que les payfans de Coupy ont fait faire à deffein;
mais cette échelle même eft d’un abord difficile, parce que
le terrain defcend par une pente rapide, jufques au bord du
canal.
O n comprend par-là que ce pont que la Nature a placé fur le
canal étroit dans lequel coule le Rhône, ne fuffit pas pour traverfet
commodément la riviere. Une échelle de 30 p ied s , à defcendre.
d’un cô té , & à remonter de l’autre, ne fait pas une
avenue
avenue- commode. D ’ailleurs le Rhône , lorfqu’il eft g r an d ,
recouvre tous ces ro ch e r s , remplit le grand can a l, & s’élève
même, par deiïus fes bords.
I l a donc fallu que l’Art vînt au fecours, de la Nature ;
en a fait conftruire un pont en b o is , foutenu des deux côtés
par un maffif en maçonnerie, qui éleve le pont à 13 pieds au
deffus des bords du canal fupérieur. Ce pont fe nomme le
pont de Lucey. M. D e L u c a trouvé ce pont de 3 9 toifes
plus bas que la furface de notre Lac. Recherches fu r les modifie.
de l’Athmofph. § . 7 1 f .
C ’e s t au deffous de ce pont , tout près de l’endroit où le
Rhône commence à difparoître, que fe place l ’échelle par laquelle
on defcend fur la corniche qui regne au deffus du
canal inférieur.
OyAND on eft defeendu fur cette co rn ich e , on peut à fon
gré examiner de près toutes les particularités de la perte des
eaux: on obferve la nature des rochers dans lefquels le canal
a été creufé; on voit clairement que le banc qui forme la corniche,
eft d’une pierre plus dure & plus; compacte que les
autres ; on reconnoît que c ’eft cette corniche faillante qui a
été la caufe de la difparition du R h ôn e , puifque fans e lle ,
les blocs de rocher qui cachent ce fleu v e, feraient tombés
jufques au fond du c a n a l, & auraient laiffé le Rhône à découvert.
§. 4 0 f . O n . peut m êm e , en fuivant cette corniche , aller
obferver de près la renaiffance du Rhône. On s’attendroit peut,
être à le voir reffortir auffi impétueufement qu’il eft entré ;
T t
Pont de
Lucey.
Obferva-
lions détaillées.
Renaiflance
du R h ôn e .,