Montagnes
de St. Gingouph.
Une équivoque
fait
croire qu’il
y a des Volcans
dans
ces montagnes.
chariés & accumulés par un torrent qui en defcend, en fu;.
vaut une vallée fituée derrière le village. Ce même torrent
partage St. Gingouph en deux parties, dont l’une appartient
au Roi de Sardaigne, & l’autre à la République de Vallais
& il fert de limites entre les deux Etats.
§. 38 3. L e s montagnes au deffus de St. Gingouph’ , font
très-élevées, & efcarpées au deffus du Lac. Une des plus
hautes efl la Dent d’Oche. Je paffai au pied de cette Dent au
mois d’Oétobre 1 7 7 7 , en remontant la vallée de St. Gingouph,
pour aller vifiter des mines de Charbon de p ie r r e , que l’on
a découvertes dans ces montagnes.
J e fus engagé à aller voir ces mines par un mal-entendu
fingulier, & qui prouve avec quelle facilité il peut fe gliffir
des équivoques, dans les rapports qui paroiffent. les mieux cir-
conftanciés.
U n e perfonne de ma eonnoiffance trouva pendant Tété de
1 7 7 7 rau bord du L a c , près de la fou rce d’Amphion , un mor-
ceau de fcorie fpongieufe arrondie par les eaux. Il étoit difficile
de décider fi cette fcorie étoit du mache-fer, ou une production
volcanique. Cette perfonne foupçonna que c ’éte it une
L a v e , & voulut favoir des gens du p a y s , fi dans leurs mon-
tagnes on ne voyoit point de vertiges de qiielqu’ancien Volcan-
Mais comme le mot de V o lc an n’étoit pas dans leur diftion-
naire , elle demanda fi l’on ne connoiffoit point de montagne
ou 1 on trouvât des pierres brulees. Ces bonnes gens répondirent
que o u i, que dans la vallée au deffus de St. Gingouph,
00 en trouvoit en divers endroits. D eu x ou trois perfonnes
différentes ayant fait cette même réponde, on ne douta plus
qu’il n’y eut là d’anciens volcans, & l’on me communiqua
cette découverte.
Q u e lq u e s contre-tems m’arrêterent jufques au dixième d’O c -
tobre, faifon bien avancée pour une courfe fur des montagnes
auffi élevées ; je ne voulus cependant pas laiffer paffer l ’h y v e r ,
fans avoir éclairci un point d’une telle importance pour l’Hif-
toire Naturelle de notre pays.
Je pris donc avec moi le morceau de f c o r ie , j’allai à St?
Gingouph, qui eft environ à 12 lieues de Geneve , & dès que
je fus arrivé, je fis venir les Chaffeurs qui connoiffoient le
mieux le pays : je leur montrai la fcorie trouvée au bord du
L a c ,& je leur demandai fi dans les environs, il n’y avoit
point de montagne où l’on trouvât des pierres de ce genre.
Tous unanimement répondirent que cette pierre étoit du mache
fer , & que jamais ils n’avoient vu fur les montagnes, au-
jeune pierre qui eut la moindre reffemblance avec. elle. Je
demandai alors comment il pouvoir fe faire qu’on eut d it, qu’ il
jy avoit des pierres brûlées au deffus de St. Gingouph. Ils
répondirent qu’il y avoit dans ce pays la ,n o n pas des pierres
brûlées, mais des pierres qui fe brûlent ; & par la defeription
qu’ils m’en donnèrent, & les échantillons qu’ils me montrèrent,
je vis que c’étoit du Charbon de pierre , & je compris que le
mat-entendu venoit de ce qu’on avoit pris des pierres brûlées,
&
pour des pierres qui f e brûlent.
Après ces informations j ’aurois pu revenir fîir mes p a s , mais
la euriofité de voir ces mines, & le defir de ne rien négliger
pour conftater par mes yeux Pexiftence vraie ou fauffe de ces.
Volcan^p me déterminèrent à gravir ces montagnes.
Voyage
occafioné
par cette
équivoque.
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