'Excavations
de la
Valfcel line.
Afpeôts
iinguliers du
canal du
Rhône au
defîous de fa
perte.
La profondeur
de ces
excavations
s’augmente
continuellement.
§. 40 7 . C e n’eft pas le Rhône feul qui a profondément creufé
ces rochers : le ruiffeau de la Valfcelline, qui paffe fous le pont
de Belle - garde | & qui vient fe jetter dans le R h ôn e , à 2 ou
300 pas au deffous de fa p e r te , s’eft creufé dans ces mêmes
rochers un lit d’une profondeur étonnante. C ’eft un afpefi
très-fingulier, & bien digne de la curiofité des Voyageurs,;
que celui du confluent du fleuve avec ce ruiffeau. C ’eft un
immenfe abîme, bordé de rochers calcaires taillés à p i c , &
dont on diftingue les. Couches horizontales. Au fond de cet
a b îm e , contre l’un de fes b o rd s , on a conftruit un moulin
qui femble inacceflible de tous c ô té s , & qui doit faire l’habitation
du monde la plus iinguliere.
§. 408. L e canal au fond duquel coule le Rhône après fa
renaiffance, mérité aüffi d’être vu dans la belle faifon : fes bords
taillés à p i c , à une profondeur de 10 0 à i y o pieds, fojitj
bordés d’arbres, dont les branches fe joignant d’une rive à j
l ’au tre , forment au deffus de ces abîmes un berceau prefque |
con tin u, & y répandent une ôbfcurité qui les rend plus éton-
nans & plus terribles.
C e même fite a en hiver un autre genre de fingularité:
'toutes-les pointes fàillantes de ces rochers font chargées d’un
nombre de grandes ftalaétites de g la c e , qui femblent des luftres
de cryftal deftinés à éclairer ce profond défilé.
■ §. 409. T outes ces excavations s’approfondiffent de jour
en jo u r ; les gens du pays le témoignent unanimément. On
ne s?en étonnera pas i i l’on confidere l ’adion que le Rhône
doit exercer contre fon fond , fur-tout quand fes eaux 'ont
grandes. On ï a vu pendant l’été de 1 7 7 7 , s’élever jufquesà
un demi-pied du pont de L u ce y , & par conféquent à y 4 pieds | ,
au deffus du point où arrivoit la furface de fes e a u x , le 2 8
Février de l’année fuivante. Mais il avoitmême alors, au moins
1 ; pieds de profondeur. Don c fa profondeur totale étoit
d’environ 70 pieds.
E t ce ne font pas feulement les particules de l’eau , qui
exercent contre le lit du fleuve une force çorrofive : le Rhône
au deffus de fa perte paffe au pied du Credo : cette montagne
s’éboule continuellement, & jette dans fon lit du fable & du
gravier qu’il entraîne avec lui. O r on conçoit aifément que
ces matières dures, preffées avec tout l’effort, & chaffées avec
toute la vîteffe que doit donner une colonne d’eau de 70 pieds
de hauteur, doivent ronger ces rochers avec la plus grande
force.
1
§, 4 10 , L e banc fupérieur des rochers calcaires dans lef-
! quels le Rhône fe perd , eft rempli de coquillages pétrifiés.
[Ceux qui y font les plus fréquens , font les Turbinites & les
I Cornes d’Ammon., Mrs. D e L u c confervent-dans leur cabinet ,
I une Corne d’Ammon de 3 pieds de diametre, qui a été tirée
Ide ce banc de rocher. Mr. G eissler y a trouvé une très-belle
Huitre, de forme à-peu-près circulaire , & de 6 pouces de
J diametre.
M ais il eft bien remarquable que tandis que ce hanc ren-
I ferme une fi grande quantité de corps marins, les bancs infé-
I rieurs, qui font pourtant comme lui de nature ca lcaire , n’en
I renferment point du to u t , ou du moins en fi petite quantité,
que les payfans des environs, très-exercés à chercher des pétri.
[ fications pour les offrir aux étrangers, n’ayent jamais pu en
Pétrifications
de la
perte du
Rhône.