Preuves de
cette hypo-
ifade.
lourdes, & celles que leur pofition Ou une affiette plus folide
déroboit à leur aétion,
§, a n . U ne obrervatiôn qui donne bien de la force à cette
hypothefe, & qui prouve du moins que les fragmens de ro.
chers, parfemés fur nos montagnes, y font venus par les grandes
Vallées des Alpes ; c’eft que ces fragmens ne fe trouvent nulle
part en plus grande abondance & à une plus grande hauteur,
que vis-à-vis de ces grandes vallées. Les parties du Jura, qui
en font les plus chargées, correfpondent directement à là vallée
du Rhône. J’en ai vu des amas prodigieux au deflus de Bon.
villars, de Grandfon, de La Sarra, qui font au Nord Oueft,
& au Nord-Nord Oueft de l’embouchure de cette vallée, dont
la derniere direction , de Martigny à Villeneuve , eft exaitemenc
du Sud-Sud Eft au Nord-Nord Oueft. Au contraire, les par-
ties plus méridionales du Jura, au deffus de Nion, de Bon-
mont, de Thoiry, de Collonge -, n’en préfentent point à des
hauteurs un peu confidérables , parce que là lifiere extérieure
des Alpes.au defliis de St. Gingouph, de Meillerie, d’Evian,
toujours élevée & non interrompue, n’a laiffé aucun paflàge
aux fragmens qui auroient pu venir de l’intérieur de cette
grande chaîne.
D e même, la montagne de Saleve fituée en face de l a vallée
par laquelle l’Arve fort des Alpes, & qui n’eft féparée de cette
vallée par aucune élévation, eft parfémée de ces fragmens en
très-grand nombre, & à une très-grande hauteur, & c’eft elle
qui en a autli retenu, une partie, & qui en rompant l’effort
du courant, a empêché que ces grands blocs ne fuiTent tranf-
p'ortés fur les hauteurs correfpondantes du Jura.
C eux
Ceux que l’on trouve fur le côteau de Montoux, & fur le
I pied méridional des Voirons, font venus par la vallée de St.
I Joire, fituée au Nord Eft du Môle. Mais la partie fepten-
I trionale des Voirons n’en préfente aucun à une hauteur un peu
I confidérable, parce que la lifiere extérieure des Alpes n’eft
I ouverte derrière cette partie de la montagne, par aucune échan-
■ crure par laquelle ces fragmens ayent pu en fortir.
§. 2 1 2. C e qui achevé de confirmer cette explication, c ’eft
■ que l’on ne trouve point de ces grands blocs dans les vallées
I du Jura, qui font fituées derrière la haute lifiere qui borde cette
I montagne du côté des Alpes ; par exemple , dans les vallées
I du Comté de Neuchâtel, & dans cellés de la Franche-Comté-
I Mais dans toutes les brèches de cette lifiere, par-tout où des
I gorges profondes ont ouvert une entrée aux courans qui ve-
I noient des Alpes, on en voit des amas confidérables. Ainfi
I quand on vient de Pontarlier à La Sarra, on voyage dans des
I vallées bordées à l’E ft, par une haute chaîne du Jura, qui ca-
I che les Alpes- au Voyageur, & dans lefquelles il ne voit aucun
I bloc de Roche primitive. Mais quand on arrive à Balaigrc, le
I premier village du Canton de Berne, on trouve d’abord des
I fragmens, & bientôt des blocs de Granits & de Roches feuil-
I letées ; & en même tems on découvre au travers d’une vallée
I ouverte à l’Eft, les hautes cimes neigées des Alpes. On voit
I ainfi la fource de ces pierres *.au travers de l’ouverture par la-
I quelle elles font entrées»
D e même, en traverfant le Jura fur la route de Bâle à So-
I leure, on ne rencontre des fragmens de Roches primitives,
I qu’après avoir paffé la montagne au haut de laquelle eft fitué
I le vülage de Langenbruck. On entre alors dans des vallées
V
©bfetva*
tion qui con*
firme ces
preuves.