Au contraire, dans les hautes montagnes des A lp e s , quoiqu’il
y ait auffi des fen te s , comme ces fentes font beaucoup
plus rares, que fouvent elles font fûlîdement foudées par du
Q p a r tz , les couches ont eu lu force de le maintenir.
Si 1 on demande pourquoi ces Granits des plaines font plus
divifés que ceux de nos A lp e s , je dirai que cela vient des
matières argilleufes , de la Pierre de Corne par exemple, qui.
fe trouve mélangée en plus grande dofe dans ces Granits.
Car la tendance a fe divifer par une efpece de retraite, en
fragmens plus ou moins réguliers, terminés par des côtés plans,
eft une propriété de l’Argille ; & cette terre communique cette
tendance à tous l e s : minéraux dans lefquels elle fe mêle ; on
la retrouve même jufques dans les Bafaltes , produits comme
nous l ’avons v u , §. 1 8 3 , par la fufîon des Roches mélangées,
d’A rg illë , c ’eft-à-dire, des Roches des Corne.
C e font donc les dégradations dés Granits, la graridè' in-
elinaifon de leurs couches., & quelquefois encore la grande
épaiiTeur de ces mêmes couches, qui ont fait méconnoitre leur
ftruéture à la plupart des Naturaliftes., Mais s’ils veulent bien
étudier les Granits dans des lieux où ils ne foient pas brifés-
& divifés en fragmens ; s’ils veulent reconnoître que la Nature
produit des couches inclinées & même verticales , avec la même
régularité que les couches horizontales; & s’ils veulent enfin,
obferver, que l ’on voit dans les montagnes calcaires, des couches
qui ont jufques à 60 pieds d’épaifleur „ §. 2 4 7 ; j ’ofe
croire qu’ils feront convaincus, comme je le fuis moi-même,
que les Granits ont été originairement formés par couches ,.tou t
auffi bien que lés Marbres & les Ardoifes..
§. L-a fécondé condition à laquelle il faudroit fatisfaire,
p ou r démontrer que les Granits ont été formés fous les eaux»
n’eft pas auffi facile à remplir, & il eft même vraifemblable
qu’on ne la remplira jamais. Tant de bons yeux , pour ne rien
dire des m iens, ont inutilement cherché dans les Granits des
veftiges dé Corps marins, qu’il eft bien probable qufil n’en
exifte point.
M a is cette condition eft-elle abfolument indifpenfable ? Les
Roches feuilletées,; dont les feuillets & les couches ont une
e x iften ce .fi fort au deffus de toute efpece de doute.; & qui
fe-joignent par d e s , ¿gradations fi bien nuancées avec les Ardoifes
&eles Pierres ca lcaires , ne font-elles pas évidemment
l ’ouvrage des e au x , & pourtant ne font-elles p as, comme les
Granits, abfolument dénuées de toute efpece de veftiges dé
Corps marins ?•
| I t .iy a plus , je me fuis1 affuré par un grand nombre d’ob»
fervations, que dans les hautes montagnes, les Ardoifes & les
Pierres calcaires les plus anciennes, celles qui paroiflfent avoir
été produites immédiatement après les Roches primitives, ne
contiennent p o in t de Corps marins , ou que du moins ils y
font infiniment rares. . Au contraire, les Ardoifes & les Pierres
calcaires .que l’on trouve dans les pays p la t s , ou fur les montagnes
qui y confinent, celles en général qui font de formation
hoù'Vellê, fourmillent de Corps marins de tout genre.
O n pourroit même prefque di re, que toutes1 chofeS d’ailleurs
égales , le nombre de veftiges de CorpS marins contenus dans
line p ie r r e , eft en raifon inverfe de fon ancienneté.
Les Granits
ne renferment
point
de corps marins.
Mais les
Roches
feuilletées
n’en renfer*
ment pas
non plus.
Et les fé-
condaires
les plus anciennes
n’en
renferment
que peu ou
point.
Et ce n’eft pas que le tems détruife ces veftiges; car quand