Deux rouîtes
dont on
a 1« choix.
Mine de
Plomb.
Pente de
neige rapi,
de.
§• Ï Ï 4- On traverfe enfuite, en côtoyant toujours le T rient,'
une petite plaine o v a le , de dix minutes de lo n g u eu r ; après
laquelle on paffe par une forêt de M é le z e s , fituée fur le penchant
de la montagne. Au fortir de cette fo r ê t , on trouve
à fa droite une pente rapide & couverte d’h erbe, par laquelle je
montai en 1 7 7 5 . Cette route eft la plus courte , mais il faudrait
la faire toute a p ie d ; & comme nos guides nous promettent
que nous ferons faire encore une demi-Keuè à cheva l,
& qu’enfuite le chemin que nous aurons à faire à pied fera
plus doux & plus fa c ile , nous nous rangeons à leur a v is , &
nous continuons de fuivre le fond de la vallée de.Bérard.
Bien tô t après nous paffons iîir des neiges de l ’hiver précé-
d e n t , qui ne font pas encore fondues ; & n o u s voyons à notre
g au ch e , au deffus de nos tê te s , les petits glaciers qui defeen-
dent des derrières des Aiguilles rouges.
N o t r e guide P ie r r e B o y o n , dit que la montagne à notre
d ro ite , qu’il nomme le Mont d’O r e b , renferme une mine de
Plomb ou Galene a petits g ra in s , dont il a lui même tiré
plufieurs quintaux. La matière de cette montagne paraît être
une Roche de Corne.
Au delà de cette montagne, nous avons à gravir une pente
de neige très-rapide ; quelques-uns d’entre nous fe fient à leurs
M u le ts , d autres mettent pied a terre , & ce parti eft- le plus
J a g e , car fouvent, malgré la force & l ’adreffe de ces animaux,
la neige s’enfonce inopinément fous un de leurs p ied s , ils
s’abbattent, & mettent en danger celui qui les monte. Du
haut de cette pente de neige nous découvrons fur notre droite
la cime du B u e t, qui éclairée par le S o le il, fe voit fi diftinc-,
fement & paraît fi voifiiie de nous , que ceux qui ne font
pas accoutumés aux illufions caulées par la tranfparence de
l’air des montagnes, ne peuvent pas croire qu’i l faille encore
tant de fatigues pour y arriver.
- Enfin1, après deux heures de marche aun petit pas de nos
Mule ts, nous arrivons à .là P ie r r e ;! Bérard , qui eft un grand
rocher p la t , détaché de la montagne, fous lequel on a pratiqué
une écurie pour vingt Vaches , des lits pour les be rge rs,
& tout l’appareil de la. fabrication du fromage. Là il faut
biffer nos Mulets, & faire à pied le refte de là montée. L e
guide prétend cependant , qu’avec un Ane ou une petite
Mule bien fui 0 - il conduirait un Homme à cheval jufques à ht
cime ; mais à la vérité en faifant un grand détour.
§. 5 ; Nous commençons à monter entre des rochers,
dont les fommités qui fortent de terre , ont été arrondies, fans
doute par les injures de l’air & par le frottement des n eige s ,
des pierres & des terres qui s’éboulent du haut de la montagne.
Les intervalles de ces rochers font couverts d’herbe ,
& les inégalités du fol rendent notre marehe ffire, malgré
l’inclinaifpn de la p en te ;c a r fi éétoien t des gazons unis, ferrés
& gliffans, comme on en rencontre fouvent fur le s montagnes ,
on auroit bien de la peine à y monter.
■ C es tétés de rocher font toujours du Granit veiné, que j ’aî
décrit plus hauti ’f é ' f i s j on ne diftingue pas toujours bien
clairement leur ftrufture ; cependant après une heure de montée,
j’en vois qui font évidemment compofés de feuillets à-peu-près;
perpendiculaires à l'h o r izo n ,- & dirigés du Nord'-Nord-Eft au
Sud-Sud-Oueft ; direétion qui paroit être la plus générale. B
Pierre à Bérard
où oix
làifle les
Mulets.
Petites Iter-
beufes entre
des rochers,
arrondis.
Straéhire
de ces rochers.