L es légumes & les fruits qui croiffent fur ce coteau, fon<
auffi de la meilleure qualité. Toutes ces utiles produirons
valent mieux que des plantes rares qui n’intérelfent que le Eotanifte
: je n’en, ai point trouvé fur le côteau de Boify.
§. 3 1 o. M a i s ce qui frappe 8c intérelTe tous ceux qui vont
vue <îu c ô - viiiter ce jo li cô te a u , ce font les points de vue agréables,
teau e Boi. ^ encjus & variés que Von y rencontre à chaque pas.
L e plus brillant eft celui dont' on jouit de l ’extrémité
feptentriohale de la grande allée qui traverfe la fo r ê t , au
fommet du côteau. On a fous fes pieds des forêts par leî
quelles on. de fcen d, comme par d e g ré s , dans les plaines du
Chablais, bien cu ltiv ée s , & embellies de beaux villages. Ls
L a c , dont on embraffe d’un coup-d’oe il la plus grande largeur
& la partie la plus étroite , s’y préfente fous la forme d’un grand
bafiîn, joint à un beau canal recourbé en forme de fauîx. On
diitingue prefque toutes les villes des. deux bords du Lac : celle
de Laufanne fe préfente avec avantage fiir le penchant d’une
haute colline. On découvre même jufques aux montagnes qui
bordent le Lac de Neuchâtel.
L a vue des derrières du côteau eft d’un genre tout à
fait différent ; elle n’offre pas un aufli vafte & auffi brillant
fpeftacle ; mais elle a quelque chofe de champêtre, & même
ffun peu fauvage, qui invite à une douce rêverie. On defcend
par une pente infenfible & boifée, dans une vallée en forme de
berceau , couverte de forêts entremêlées de champs & de
prairies. Quelques hameaux écartés les uns des. autres, fem-
blent avoir voulu fe féparer du mon de, & fe cacher fous-les
arbres qui les entourent. Au deffus de cette vallée, la mou:
tagne des Voirons & la première chaîne des Alpes du Chablais
préfentent leurs pentes rapides, mais couvertes de bois.
On voit à leur pied le Château de Cervens : les hauteurs qui
le dominent renferment des Madrépores pétrifiés ; j’ en ai trouvé
plufieurs dans une feule promenade que j’ai faite autour dé
cette paifible & charmante retraite»
Ce point de vue fournit même au Géologue quelques ob-
fervations. importantes ; il voit la première chaîne des Alpes
qui dominent le bas Chablais, relever fes couches, e» montant
contre le Lac ; il voit de même les collines des A lîn g e s , qui
tournent auffi, vers le Lac des efcarpemens rapides.
On a encore une très-belle vue du L ac & des plaines qui
l’entourent, du haut d uC h â te la r ; c’eft le nom d’une éminence,
fituée au N o rd -O u e ft du Château, de B o ify , fur le bord d u
côteau , du côté de Geneve.
M a i s une curiofitê ihtéreffante , qui exiftoit fiir cette éminence
, & que des laboureurs ont malheureufement détruite,
e’étoient deux tombeaux dont la forme connue prouve qu’ils
étoient des anciens A llo b ro g e s, & par conféquent d’une antiquité
très-reculée; D e grandes pierres plattes , fans ornement,,
mais dreffées- & affemblées avec beaucoup de précifion,, for-
moient des cailles quarrées, de la grandeur du corps. Elles
étoient inégales ; la plus] grande renfermoit les os d’un
Homme fa it , & la plus petite ceux d’un jeune Homme. C e s
tombeaux contenoient vraifemblablement les. reftes de Guerriers
qui s’étoient diftingués par quelque grand e x p lo it , ou de per-
fonnages d’un rang éminent dans le pays; car chez ces anciens
Tombeaux
des anciens»
Allobroges.