Xa gorge de
l/lonetier.
Blocs de
tloches pri-
'mkiv-es.
‘Situation
Remarquable
de quelques-
uns de ces
triocs.
§. 3 2 6 . L a g o rg e même de M o n e t ie f> ou cette grands
échancrure qui fépare le Grand Saleve du P e t i t , & dans le
fond de laquelle eft renfermé le joli vallon de M o n e tie r , pa,
roît avoir été formée par un courant fem b lab le , qui defcen.
dant des Alpes par la* vallée de l ’Arve , venoit fe jetter dans notre
grand courant: car les couches correfpondantes du Grand &
du Petit S a le v e , indiquent leur ancienne jonction ; & l’on ne
comprend pas quel autre agent auroit pu detacher, & empor-
ter la piece énorme qui manque en cet endroit a la montagne.
§. 2 2 7 . L e fond même, & le s côtés de ce vallon font par-
femés de grands blocs de Granit & de Roches feuilletées. Dès
fon entrée du côté dé G en e v e , o n trouve un bloc de Granit,
du volume d’environ 12 0 0 pieds cubes.
O n rencontre plulieurs de ’ ces blocs > quand du haut du
qjas de l’échelle, on monte droit au Château de l’Hermitage.
Ils fe préfentent même là , avec une cireonftance bien remarquable.
S u r le penchant d’une prairie in cliné e , on yoit deux de ces
grands blocs de G ra n it, élevés l’un & l ’autre au déffus de
l ’h e rb e , à la hauteur de 2 ou 3 p ied s , par une ba fe , de rocher
calcaire , fur laquelle chacun d’eux repofe. Cette bafe
eft une continuation des bancs horizontaux de la montagne;
elle eft même liée avec eux par- fa faoe poftérieure ; mais
elle eft coupée à pic des autres côtés , & n’eft pas plus
étendue que le bloc qu’elle porte. Comme le fond du terrein
eft compofé de ce même rocher calcaire, & qu’il feroit ab-
ïurde de fuppofer que ce fond fe fût foulevé précifément &
uniquement an deffous de ces blocs de G ra n it, il eft naturel
d e croire ; que c ’eft au contraire, ce fon d , qui s’eft abailL
autour d’eux,non pas en s’enfonçant, mais par l’érofion continuelle
des eaux & de l’air , tandis que la portion de rocher,
qui a fervi de bafe au Granit, tenue à l’abri par cette couverture
impénétrable , a confervé fa hauteur primitive. D’autres blocs
f o u te nus par de femblables piédeftaux , dans des endroits.
où le rocher eft de tous côtés à découvert, démontrent la
v é r i t é de cette explication. Ces blocs ont fi parfaitement pré-
fervé les rochers qui les portent, que la furface de ces rochers
eft demeurée plane & horizontale ; & comme celle des
fragmens de Granit eft irrégulière, & qu’ainfi ils ne touchent
cette furface plane que dans un petit nombre de points, on
a la facilité d’obferver cette furface ; on voit que le rocher ,
bien loin d’avoir été rongé par les eaux, comme il l’a été
par-tout où ces blocs ne l’ont pas tenu à l’abri, s’eft plutôt,
augmenté par quelques feuillets d’inctuftations calcaires, qui s'y-
font formés en quelques endroits.
T o u t e s ces circonftanees me paroiffent prouver, que chacun
de ces blocs occupe encore exactement la même place dans
llaquelle il fut dépofé par le courant qui les charia du haut des
| Alpes, lors de la grande révo lu tion , dont nous avons vu tant
de veftiges, Cette penfée lorfqu’elle me vint pour la premiers
fois dans l ’e fp rit, me remplit d’une forte d’admiration .refpec-
tueufe pour ces ro ch e r s , qui préfervés pendant tant de milliers;
d’années, font demeurés en filence , les monutnens inconnus
d’une des plus grandes cataftrophes qu’ait efluye notre Globe.,
Je les examinois de toutes p ar ts , avec l’attention la plus fcru-.
puleufe, il me fembloit toujours que je devois tro u v e r , pour
ainfi d ire , quelque médaille ou quelque document qui m ap-
prendroit la date , ou du moins quelque cireonftance impor-.
tante de ce grand événement. "Un grain de g ra v ie r, de la grof»
ïts oeetr.
pent encore
la place oit
ils ont été:
dépofés.