Tierres naturellement
arrondies.
Comment
elles différent
des
cailloux
roulés.
que les cailloux roule's proprement d it s , ont été chariés &
arrondis par les eaux.
. 2 04. Ce n’eft pas qu’il n’exifte des pierres de différens
g en re s , dont la forme eft naturellement arrondie ; des Silex,
des G éo d e s , des concrétions calcaires ou féléniteufes..
M a i s ces pierres fe diftinguent aifément des cailloux roulés,
par leur ilructure intérieure, qui eft prefque toujours analogue
à leur forme extérieure. Ces c o rp s , ou font eompofés de
couches concentriques & parallèles à leur furfaee extérieure,
ou renferment des cavités, on contiennent des noyaux iitués
près de leur c en tre , & d’une forme qui reiïemble à celle de
la pierre même.
L es cailloux ro u lé s , au contraire , ont une ftructure qui n’a
aucune analogie avec leur furfaee extérieure ; une pierre fphé-
r iq u e , par exemple e f t , ou continue & fans aucun indice
de cou ch e s , ou compofée de couches , ici planes » là courbées
; mais qui ne fuivent nullement la forme de la pierre.
D ’a il l eu r s * celles qui ont naturellement une forme arrondie,
font très-bien connues des Naturalises : on les trouve fous cette
forme dans les matrices qui leur font prop re s, & dans lefqueliei
elles on t été produites ; au lieu que le G ran it, le Marbre , le
J a lp e , la Pierre O lla ir e , qui font la matière de la plupart des
cailloux roulés , vus dans leur lieu natal, ne le préfentent point
fous une forme arrondie; mais fous celle de bancs, de veines,
de filons , qui n’ont rien de fembhtble à la figure que prenneiA
ces c a illo u x , lorfqu’ils ont été arrondis par les eaux.
•§. a o f . L e Naturalifte qui voyage fur les hautes montagnes,
ou les rivières ont leur fo u r c e , voit des pierres naturellement
anguleufes, perdre leurs angles, prefque fous fes y e u x , s’arrondir
& fe changer en cailloux roulés.
M a i s c’eft fur-tout à l’extrëmïté des grands g la cier s, d’où
fortent avec impétuofité des tortens violens des leur naiiïance,
que j’ai fait avec un grand plaifir cette belle obfervation ; à
la foürce de l’A a r , par e x em p le , à celle du Rhône , à celle
de l’A rvéron, & c . , Comme ces rivières fortent des g la c e s , à
des hauteurs où il n’a pas paftfé d’autres courans, taptes les
pierres qui ne font pas dans leur l i t , ont la forme angulaire
qui leur eft naturelle. Ainfi fur le glacier duquel fort le tôt*
reiït, & fur les flancs des montagnes qui le b o rd en t, on ne
voit pas une feule pierre qui n’ait des angles v i f s , 8c des
•arrêtes tranchantes. Mais dans le litf de la riviere, ces inemes
pierres ont tous leûrs angles emouffes, des formes arrondies,
ce font de vrais cailloux roulés.
L es vagues ont auffi le pouvoir de donnet aux pierres une
forme arrondie; & on en vo it la demonftration quand on trouve
aux bords des grands L a c s , & mieux encore aux bords de la
Me r, des rochers dont les fragmens font naturellement angulaires
: on Voit ceux de ces fragmens qui ont été expofés
au roulis des flots , émoufifés & arrondis ; tandis que ceux qui
font demeurés hors de l’e au , ont confervé leurs angles naturels.
C ’est ainfi que j’ai vu de grands blocs de là Lave dure
& anguleufe de l ’Etna , parfaitement arrondis par le choc des
vagues, & réduits, même en peu d’années , à la moitié de leur
T z
P u voit les
eaux arrondir
des pierres
angulaires.
A la fource
des toriens.
Au bord de
la Mer.