Elles fe
perdent
dans les intervalles
de?
couches.
Entonnoirs.
L a Nature y a p o u r v u , en ménageant aux eaux des iiTues
fouterraines, par lefquelles elles s’engouffrent & fe perdent.
Mais ce n’eft point par de larges canaux , ou par de grandes
bouches béantes, que ces eaux defeendent dans la terre ; c’eft
par les intervalles des couches verticales de la Pierre calcaire,
de laquelle font compofées les montagnes qui entourent ces
L a c s , & fur-tout celui de B r en e l, du côté du Couchant &
du Nord.
Comme il eft de la plus haute importance pour les habitant
de cette vallée , de maintenir ces écoulemens naturels, fans lef.
quels leurs 'terres labourables, & même leurs habitations feraient
bientôt fubmergées, ils les entretiennent avec ¡le plus grand
foin ; & même lorfqu’ils s’apperçoivent qu’ils n’abforbent plus
les eaux avec affez- de fo r c e , ils en ouvrent de nouveaux.
I l fuffit pour cela de creufer des puits de 1 ; à 20 pieds de
profondeur , fur 8 à x o de- large , dans les couches minces &
verticales dont les fomniités paroiifent à fleur de terre ,. fur
les bords du Petit Lac. L ’eau vient fe jetter dans ces puits
par des ‘cana'ux deftinés à l’y conduire, & là elle fe perd en
s’infiltrant dans les interftices des couches. C e four donc ces
puits que l’on nomme des entonnoirs. O n les vuide & les
nettoye lorfqu’ils fe remplirent de vafe.
L e plus confidérable de ces entonnoirs eft l’ouvrage de h
Nature ; mais l ’A rt a fu en tirer de grands avantages. Il eft
fitué au Nord-Oueft, fur le bord du Petit L a c , à-peu-près à h
moitié de fa lo n g u e u r , dans un enfoncement d’une montagne
affez é le v é e , qui dans cet endroit ferre le Lac de très-près.
& dont les couches font exactement perpendiculaires à l’horizon.
Comme les eaux vont fe jetter dans cette efpece de
ffouffre avec une grande v io len c e , on. a confirait fur leur paC-
fage & au deffous du niveau du Lac , des moulins’ qui fe nomment
les moulins de Bon-port. Une forte digue contient les
e a u x , & des ouvertures pratiquées dans ces digues & munies de
bonnes éclufes, en donnent la quantité néeeffaire. La plupart
de ces rouages font mouvoir des fe ie s , qui travaillent avec
une diligence finguliere : nous vîmes au moyen d’une montre
à fécondés, qu’une de ces feies à deux lames avançoit de 1 ;
pouces par minute, enforte qu’en moins de xo minutes, elle
coupoit deux planches de i t pieds chacune.
§. 3 8 ; . O n croit dans le pays, & avec bien de la raifon,
que ce font les eaux abforbées par tous ces entonnoirs , que
l’on voit fortir de te r re , & former la fource de l’O rb e , à trois
quarts de lieue au deffous de l’extrémité feptentrionale du
Petit Lac.
Nous allâmes voir cette fource en fortant des moulins de
Bon-port; & nous la trouvâmes bien digne de la curiofité des_
Voyageurs.
Un rocher demi-circulaire , élevé au moins de 200 pieds ,
compofé de grandes aflifes horizontales, taillées à p i c , & entrecoupées
par des lignes de Sapins, qui croiffent fur les corniches
que forment leurs parties faillantes, ferme du côté du
Couchant la vallée de Valorbe. Des montagnes plus élevées
encore & couvertes de fo rê ts , forment autour de ce rocher
une enceinte qui ne s’ouvre que pour le cours de l’Orbe ,’ doht
la fource eft au pied de ce même rocher. Ses eaux d’une
limpidité parfaite, coulent d’abord avec une tranquillité majef-
Source de
l’Orbe.