rement à fon a dion : on voit les guides , qui dans le bas des
montagnes peuvent monter des heures, de fuite fans s’arrêter
être forcés-à reprendre haleine à tous les cents ou deux cents
p a s , dès qu’ils font à la hauteur de 14 ou i y cents toifes.
Et dès qu ils s arrêtent pendant quelques momens, on les voit
aufli tomber dans le fommeil avec une promptitude étonnante.
Un de nos guides, que nous faiiîons tenir debout au haut du
Buet avec un parafai a la main, pour que le Magnétonietre
fut à .l’ombre.pendant que Mr. T r e m b l e y l’obfervoit, s’endor-
moit à chaque in ftant, malgré les efforts que nous faifions &
qu’il faifoit lui-même. pour comhattre cet affoupiffement. Et
dans mon premier -voyage au Buet; P ie r r e S im o n , qui s’ étoit
fourré dans une crevaffe de neige pour fe mettre à l’abri d’une
bife froide qui nous inconunodoit beaucoup , s’y endormit
profondément.
Mais il y a. des tempêramens que cette rareté de l’ air
affeffe bien plus : fortement encore. On voit des hommes,
d’ailleurs très-vigoureux , faifis conftamnient à une certaine hauteu
r , par des. naufées , des vomiffemens, & même des défaillances
, fuivies d’un fommeil prefque léthargique. Et tous ces
accidens ceil'ent ,; malgré la continuation de la fa tigu e , dès
qu en defcendant ils ont regagné un air plus denfe.
H e u r e u s e m e n t pour les progrès de la Phyfîque , Mr. P i c t e t
n’eft pas affedé à ce degré extrême par la fubtilité de l ’air ; il
l ’eft cependant plus que le commun des hommes ; car quoiqu’il
foit trè s-fort,, trèç-agile &: bien exercé .à grimper les
montagnes, il fe trouve tqujp.urs, faifr d?une, efgece;. d’an-
g o iffé , d’un léger mal de coeur & d’un 'd é goû t abfblu J dès
qu’il arrive à la hauteur d’environ 1400 tojfes- au deffus de la
Mer. Pour moi je n’en reffens d’autre effet que d’être obligé
de me repofer très-fréquemment, quand je monte des ' pentes
rapides., à ces grandes élévations. J’en faifois encore l’épreuve
dans cette derniere courfe fur le Buét. Lorfque nous gravif-
fions la pente couverte de neige ramollie, qui couronnoit la
montagne , je ne pouvois abfolument pas faire fans m’arrêter ,
plus de y o pas de fuite ; & Mr. P i c t e t , plus fenüble que moi
à cet effet de la rareté de l ’air , comptoit fes pas de fon côté
fans m’en rien d ir e , & trouvoit qu’il ne pouvoit pas en faire
plus de 40. fans reprendre haleine..
§. y 60. On feroit tenté d’attribuer ces effets à la difficulté
de refpirer; il femble naturel de croire que cet air rare &
léger ne dilate p a s . affez les poumons , & que les,- organes
de la réfpiration fe fatiguent par les efforts qu’ils font pour
y fuppléer ; ou que le m in ifte red e cette fon dion vitale n’étant
pas complètement rempli, le fang , fui-vant la dodrine. de
Mr. P r i e s t l e y , n’étant pas: fuffifamment déchargé de fon phlo-
giftiq u e , toute l’économie animale en eit dérangée..
M a i s cé qui me perfuade que ce n’e iï point là la .véritable-
jaifon de ces effets, c ’efl: qu’on fe fent fatigué, mais non point
oppreffé; & fi l’adion pénible de gravir une pente rapide rend
la réfpiration plus, courte & plus difficile, cette incommodité
fè fait fentir fur les baffes montagnes, comme fur les hautes
& ne produit pourtant point fur nous, quand nous graviffons
Ces baffes montagnes , l’effet que nous éprouvons fur celles
qui font très-élexées,; d ’ailleurs fur celles-ci, quand on eft tranquille
, on refpire avec la plus grande facilité. Enfin, & .cette-
r é f l e x io n me-.;.paroît, décifive , • fr c’étoit une. refpifatiou imparfaite
qui produifoit cet epuifement, comment quelques inltans,
Ce n’èff pa&
la difficulté
de refpirer
qui produis
ces effets