La Table
<nj Chantre.
Premiers
rochers calcaires.
y a cependant des couches un pèu différemment tourne'es ; ici
en particulier, j’en vois qui courent du Nord-Nord-Oueft au
Sud-Su d-Eft, & qui font par conféquent un angle de 4 y degrés
avec les précédentes.
• A pr è s deux heures d’une marche: .continue , mais ,pas- trop
a ccélé ré e, nous arrivons au pied d’un rocher , dont la bafe
préfente desfieg.es naturels, qui femblent inviter le voyageur
à s’y repofer. M. B o ü r r it , qui y dîna dans fon premier
v o y a g e , lui a laiffé fon nom ; les guides nomment cet endroit.
lu Table au Chantre; Ces rochers .fon t encore des mêmes
Grands veinés.. .
§. y y s . M a i s vingt minutes plus h au t, nous trouvons les
premiers rochers calcaires, inclinés & appuyés contre les rocs
primitifs qué nous venons de quitter; ils s’élèvent contre l’Eft-
Sud-Eft, & font avec l’horizon un angle de 24 ou a y degrés.
J ’o b s e r v a i en 1 7 7 s , les-tranfîtions qui fe trouvent entre
ces rochers féCondaires & les Granits ; j’efpérois de les revoir
cette année; mais la neige cache tout le fond du terrain:/ &
ne laiffe apperceyoir que quelques têtes d e .ro ch e r s ,: qui
là s’élèvent au deflus d’elle. , ;
C e p e n d a n t , comme ces tranfîtions font à mon gré très-'
importantes pour la Théorie de la. T’erre , je les décrirai en re-
defcendant, telles, que je. les ^yis, dans, ç e premier voyage.
D’ici jufques au fommet,on monte toujours, ou en fuivant
de longues arrêtes de rochers calcaires, détruits & brifés à leur
furface , ou en marchant fur des neiges qui rempliffent les
intervalles de ces arrêtes. |
§. y y 7. O n croira p eut-ê tre , que c’eft une chofe très-pé-
liible que de gravir une montagne par des pentes couvertes
de neige ; & cela eft vrai ! lorfque ces neiges font ou trop
dures ou trop tendres. Mais quand on les trouve ramollies-
au point de prendre l’empreinte du pied fans le laitier enfoncer
entièrement, e’éft l’appui le plus avantageux que l’on puiffe-
avoir en marchant. Cette neige s’affaiffe fous le p ied , prend
exadement fa forme , & fait enfuite toute la réfiftance nécef-
faire pour lui fërvir de- point d'appui : c ’eft en quoi la neige
différé du fable & des cendrés des V o lc a n s , qui fatiguent ex-
eeflivement, parce qu’ elles cèdent & fuyent fo u s .le pied, dans
le moment même où il fait fon effort pour, chaffer le corps
en avant. Les neiges trop molles ont le- même inconvénient.
Mais fi au contraire , on les trouvoit tout à. fait dures,. comme
elles le font toujours de grand matin après des- nuits claires
& fra îche s, les pentes rapides feroient non-feulement fatiguantes
, mais très-dangereufes ; on ne pourrait les gravir qu’avec
de forts fouliers ferrés , ou avec des crampons, ou en creu--
fant avec quelqu’inftrument ferré des efcaliers à fa. furface.
§. y y 8. L es crampons dont fé fervent dans nos Alpes les
Chaffeurs. de Chamois, font.compofés de deux branches de fe r ,
parallèles | longues de la largeur du pied ,. &. réunies entr’elles
à leurs extrémités, par deux demi-cercles verticaux, dans 1 intervalle
defquels le pied eft affujetti, & que l’on attache'avec
des cou-rroyes par deffus- le milieu du pied. Chacune des extrémités
de ces deux branches de fer eft armee d’une pointe ; en-
forte que quand, le pied, eft chauffé de. ces crampons, il repofe.
Roufe fur
la neige.
Crampons
des chaflettTS
de Chamois