Pâturages
Su Môle.
Saxifrages, & c . Les rochers voifins du fommet fout tapiffês
des deux petits Saules rampants, Salix retufa & Salix reticulafa.
L es pentes rapides du côté de l’E f t , produifent cette fin.
guliere Gentiane , dont la fleur eft plus grande que tout le
ïe ite de la p lan te , Gentiana acaulis ; la grande Globulaire,
Globularia Ntidicaulh ; la Pedicularis verticillata ; la Bartfia al
p im ; la Bifcutella didyma. Au pied des précipices , on trouve
la Pinguicida alpina ; Y Arnica fcorpiaides ; dans les débris qui
font au deffous de ces mêmes précipice s, la jolie Linaire à
fleurs p ou rp re s , AntiŸrhinum alpinum ; l’Ofeille ronde , Ru.
mex digynus ; & dans les b o is , la petite Violette à fleurs jaunes,
Viola biflora ; la Tujjilago alpina , & c.
§. 29 3. L e s pâturages du M ô le font en grande réputation
dans le pays: le laitage & fur-tout le beurre des troupeaux
qu’ils nourriflent, font beaucoup plus gras & plus fayoureux
que ceux des montagnes voifines. Aufli les payfans des env
iro n s , qui von t vendre ces denrées à G en e v e , veulent-ils toujours
faire croire qu’elles viennent du Môle. L ’excellence des
pâturages n ’eft pourtant pas la feule caufe de cette fuperiorite;
le peu d’eau que les Vaches boivent, doit aufli y contribuer.
L a fource la plus voifine des pâturages en eft éloignée pref-
que d’une lieu e : il fe ro it bien pénible de conduire chaque jour
les troupeaux à cette diltanee, & plus pénible encore d’aller,
leur chercher autant d’eau qu’ils en pourroient boire. Il faut
donc qu’ils s’ en paffent, & que la rofée qu’ils lechent le matin,
leur tienne lieu de boiflon ; ce n’eft que dans les grandes fs-
cherefles qu’on leur en donne d’autre;
L a plupart des montagnes de la Suide appartiennent à de
friches propriétaires, ou à des Communautés qui les amodient
l à des entrepreneurs. C e u x - c i réunifient en un feul troupeau
Ijufque's à deux cens V a ch e s , qu’ils louent çà & là pour l’été
■feulement, & ils font le beurre & le fromage , comme en
■manufacture dans de grands bâtimens deftinés à cet ufage. Le
■Môle au contraire, appartient à des paroiffes, dont chaque
»Communié ( 1 ) a le droit de faire paître fes Vaches fur la
■montagne, & d’y établir un Chalet. On ne vo it donc point
■fur le Môle de grands établiifemens ; mais un nombre de
■petits troupeaux & de petits Chalets.
I C e u x de la Communauté de la T o u r , élevés d’environ f 30
Itoifes, au deffus de notre L ac , font diftribués à diftances k-
■peu-près é g a le s , fur la circonférence d’une très-grande prairie.
■Cette; prairie eft fermée d’une bonne c lô tu r e , pour que les
Ibeftiàux ne puident pas aller gâter l ’herbe. Quand cette
■herbe a pris tout fon accroiffement, on la fau che , on la fait
■fécher:, & on l’ entaffe en grandes meules pyramidales bien
■ferrées. O n laide ces meules fur la p la c e , lors même que les
■froids de l’automne chaflent les troupeaux & leurs gardiens
■dans des pâturages ’plus voifins des plaines : mais enfin quand
■l’hiver eft v e n u , & que la montagne eft bien couverte de
■neige, on choifit un beau jo u r , toute la jeuneiïe du village
I monte à la montagne, renferme ce foin dans de grandes coëffes
■ de filets, faites avec des cordes : on leur donne la forme de
I boules, & on fait rouler ces boules du haut de la montagne
■ en bas, avec une gayeté & un plaifir, que l’on rencontre ra-
■ rement dans les fêtes les plus brillantes.
(1 ) On appelle Commüniés, ceux qui J tiennent en commun, aux anciens ha«
■ ont droit aux biens de terre , qui appar- | bitans d’une paroiiîe.
G g a
Chalets de
la Tour.