Température
du fond
du Lac.
& de les réunir folidement, nous aurions été forcés de nous
laiffer dériver jufques à l’autre extrémité du Lac; car cette
côte bordée de rochers efcarpés, n’eft abordable qu’en un petit
nombre d’endroits.
L e lendemain matin 1 5 e - de Ju ille t, nous allâmes relever
nos thermomètres; nous y arrivâmes à 6 heures | ; la .chaleur
de l’air étoit de r o degrés f ; & celle de l’eau à la: furface, de
10 f. Les. thermomètres en revenant du fond de l ’eau fe
trou v è ren t, l’u n , celui, de Mercure renfermé dans un double
e tu i, à 8 degres |§ ; & celui d’Efprit-de-vin renfermé dans une
bouteille, à 8 Je ne faurois dire d’où vient cette différence
de 3 vingtièmes de degré qui fe trouva entre ces deux thermomètres
; car leurs graduations font parfaitement d’accord ; &
comme le fond de l ’eau étoit plus froid que la furface, celui
qui étoit le mieux garanti auroit dù fe tenir le plus bas ; &
au contraire , il fe trouva plus haut que l’autre. Y auroit-H
dans ce L a c , entre le fond & la furface, des eaux plus froides
que ce fo n d , qui euifent affecté le thermomètre le plus fen-
fible pendant qu’i l les traverfoit l
M a is en négligeant la différence de ces deux thermomètres,
j’avoue que j ’avois préfumé que nous les trouverions plus bas;
parce q ü il me fembloit que dans- un fite aufit élevé., puifque
la furface de ce Lac eft à 3 1 7 toifes- au deffus de celui de
G en e v e , la température moyenne, que l ’on trouve communément
à la profondeur de 80 pieds, auroit dù être- plus froide.
§. 3 84- Nous revînmes au Pont, & nous nous mîmes eu
marche pour faire à pied le tour du Petic Lac , voir les entonnoirs
, les moulins de Bon-port, & la fource de l’Orbe. Le
cabriolet qui nous avoit conduit jufques au P o n t , ne pouvoit
pas faire cette ro u te , qui eft à peine praticable à chevalr Nous
l’envoyâmes faire le tour par la grande route qui conduit à
Efclay, & nous attendre à Balaigre, où nous devions paffer
en allant à Yverdun.
E n t r e le Pont & les Charbonnières, on voit fur les bords
du Petit L a c , des puits quarrés que les gens du pays nomment
des entonnoirs. Mais ces puits tiennent à une fingularité de
ces L a e s , dont il eft tems de parler.
J ’a i déjà dit que la riviere d’Orbe qui defcend du L ac des
Rouffes, vient fe jetter dans le L a c de Joux. Ce Lac reçoit
encore d’autres ruiffeaux, dont le plus confidérable fort d’un
rocher, à un demi-quart de , lieue de l’Abbaye ; il a , dit-on-,
car nous ne l’avons pas v u , 10 pieds de la rg eu r, fur a de
profondeur, & une rapidité confidérable.. Foyez le DiB. FUJI,
de la Stitjfe, au mot Joux .
De toutes ces eaux qui tombent dans le Lac , une partie
fans doute fe diflipe par l ’évaporation ; il en refte cependant
une quantité furabondante & très-confidérable » qui fe verfe dans
le Petit L ac par le canal qui l’unit au grand-. D ’ailleurs, les
eaux des pluies qui tombent fur toutes les montagnes dont la>
vallée eft environnée, depuis les Rouffes & même plus haut
jufques à l’ extrémité du Petit L a c , viennent fe rendre dans ce*
même Petit Lac. Il n’ en fort cependant aucune- riviere; fes
extrémités feptentrionale & orientale , par lefquêlles les eaux:
devraient naturellement s’échapper, font barrées par des hauteurs
qui s’élèvent fort au deffus de fa furface; Comment donc;
peut-il conferver toujours à-peu-près le même niveau-1
Quantité
d’eau que
reçoivent
ces Lacs*