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8 L E L A C D E G E N E V E. Chap. I.
quantité eft compenfée par les matières que charient dans le
L ac la D r a n fe , le V en g e ro n , la V e r fo ix & les autres ruiffeaux
qui s’y j jettent. _
Variations § . 1 3 . La hauteur des eaux du Lac n’eft pas conftamment
teur âlsm' ■ PM 1 edcs montent communément depuis le mois d’Avril
eaux duLac. jufques' au mois d’A o û t , & baiiTent depuis Septembre jufques
en. Décembre. La différence de hauteur eft communément de
cinq à fix pieds.
: „ En 17 0 ? ( dit AL F a t io , H iß. de Gen. T. I I , p. 4 ^ 3 )
,, le L ac ne fut que médiocrement grand durant l ’été ; néan-
„ moins les eaux s’élevèrent proche du . T ra v e r s , & vers la
, , première entrée du port de G en e v e , depuis le 18 de Mars,
-j 3i- jufques au 1 7 ; d’A oût , de cinq pieds & un p o u c e , par-
,, deffus la hauteur qu’elles avoient dans ces lieux là l ’hiyer
„ p ré c éd en t, & elles ne s’élevèrent pendant le même tems
„ que de 4 p ieds, à trente-cinq pas au-deffous du grand pont ;
,, ainfi dans l’efpace d’environ deux cent foixante & quinze
toifes de Fran ce, le Rhône ajouta treize pouces à la pente
„ qu’il avoit ; mois auparavant dans le même intervalle...
„ Selon le calcul que f e n ai f a i t , il s’écoule du Lac en
„ , été du moins huit fo is , & certaines a n n é e s p lu s de. dix
n fois autant d’eau qu’en hiver
Gaufes¡de • ,§. 14 . L a raifon de cette différence eft fort fimple : la hauie
nce. teur du Lac dépend de la quantité d’eau que le Rhône y
• verfe ; le Rhône & toutes les rivières qui s’y jettent ont leur
fouçqe dahs. les Alpes ; or fur le haut des Alpes il ne pleut;
pre-fque jamais ¡en hiver ; toute l ’ eau qui y tombe alors def-
c J n d 'fo u s là forme de neige & s’arrête lur le penchant des
fommités
l E L A C D E\\ G E-;N. E y E. Chap. I. , ,c 9
Sommités ou dans les hautes vallées : il fuit de là qui? les
"rivières qui defce'ndept,;des Alpes | n e ; font entretenues en
(h iv e r , que par les fo u r c e s ,p a r les pluies qui tombent dans
Lies baffes vallées, & par la petite quantité de neige -que la
•chaleur intérieure d e .la terre fait fondre, là où elles ont une
[grande épaiffeur. En été au con tra ire , ces rivieres s’enflent,
Lnon feulement des pluies qui acrofent to u te , l’étendue des
[montagnes, mais encore de la fonte de la plus grand? partie
(des neiges qui s’étoient accumulées pendant l ’hiver fur ces
[mêmes montagnes,
§. -iç . Le Rhône ne conferve -pas lotigitems .la limpidité :
I qu’il a en fartant du Lac. A un quart de lieue de G en ev e ,
.après que ce beau F l e u v e a urrofé ,de.ffes,; eaux,encore. ;pures.,
| les jardins qui font au deffous de la ville , la rivierë ou
plutôt le torrent de l ’A r v e , qui defeend des hautes Alpes
-voifines du Mont B la n c , vient ,avsc inipétuQftté mêler fes eaux
[ bourbeufes à celles du Rhône : celui-ci - femble vouloir éviter
[ ce mélange, il fe range contre la rive, oppofée, & , l ’on voit
[ dans un long efpace,, fes. eaux, bleues & pures .couler dans un
! même l i t , mais féparées des eaux grifes & troubles .de l’Arvè.
§. 1 S. L ’A rve eft ., fujette à des crues fubites Ce confidé-
¡rables : on l’a vue quatre fois s’eniler à Un : tel point -, que
I ne pouvant pas s’écouler affez promptement entre les collines
qui la refferrent au deffous de fa jonffion avec le R h ô n e ,
I les eaux du torren t. refluelent dans le lit du -fleuve , le for-
J cerent à remonter ayee elles!, contre le L a c , & firent tourner
| à contre-fens les moulins conftruits fur le Rhône. Ce fingulier
i phénomène a été obfeirvé le 3 Décembre ip 70 T le z i
[ Novembre 1 5 ; 1 . , le io:Fé.vrier X 7 i i , & le 14 Septembre
B
Jonélîôn de
l’Arve avec
le Rhône; !
Eaux du
Rhône refoulées
par
celles de
l’Arve.