la moindre diftraction lui dérobe , & peut-être pour toujours,
un objet intéreflant. Même .fans diftraction, les objets de fan
étude font fi variés & fi nombreux, qu’il eft facile d’en omettre
quelqu’un ; fouvent une obfervation qui paroît importante s’empare
de toute l’attention , & fait oublier les autres; d’autres
fois le mauvais tems décourage, la fatigue ôte la préfence
d’elprit ; & les négligences qui font les effets de toutes ces
caufes, laiffent après elles des regrets très-vifs, & forcent
nieme fouvent à retourner en arriéré : au lieu que fi l’on jette
de tems en tems un coup-d’oeil fur un agenda, on retrace à
fon efprit toutes les recherches dont il doit s’occuper. Mon
agenda, borné d’abord, s’eft étendu & perfectionné dans la
proportion des idées que j’ai acquifes; je me propofe de le
publier dans le troifieme volume; il pourra fervir, même à
des Voyageurs, qui fans être verfés dans l’Hiftoire Naturelle,
voudront rapporter de leurs voyages quelques inftruclions utiles
aux Naturaliftes.. J ’ajouterai à cet agenda, des direétions pour
ceux qui voudront entreprendre de voyager for de hautes
montagnes, & quelques avis for les erreurs, dans lefquelles
des Obfervateurs peu expérimentés peuvent Je plus aifément
tomber.
Malgré toutes les précautions que je prends pour ne rieu
laiiïer en arriéré , lorique dans le filence du cabinet, je médite
de nouveau fur les objets que j’ai- obfetvés dans mes, voyages ,,
fouvent il s cler c dans mon efprit des doutes, que je crois
ne pouvoir lever que par de nouvelles obfervations & de nouveaux
voyages. Ce font ces doutes toujours renaiffans, qui
ont retardé jufques à ce jour la publication de cet ouvrage ,
& qui me forcent à me borner aux obfervations que j’ai faites
dans les quatre ou cinq dernieres années , celles qui font antérieures
à cette date ne me paroiffant pas affez complétés,
pour être mifes fous les yeux du Public.. Je ne préfente même
celles-ci qu’avec une extrême défiance ; perfuadé que les Naturaliftes
qui verront après moi les objets que j’ai décrits ,
découvriront bien des chofes qui ont échappé â mes recherches.
La première partie de ce premier volume contient un Effai
fur l’Hiftoire Naturelle des environs de Geneve. On trouvera
peut-être que je foi ai donné trop d’étendue. Mais je d'evois
développer un grand nombre de notions néceffaires pour l’intelligence
des Voyages dans les Alpes, & pour celle des Ré-
fultats généraux que je me propofe d’y joindre. Et j’ai mieux
aimé encadrer ces notions dans la defcription des environs
de Geneve, & employer ces mêmes notions à approfondir
l’Hiftoire Naturelle de mon p a y s , que de les préfenter fous
une forme purement didactique ; d’autant mieux que ce plan
me laiffoit la liberté de donner à chaque objet une étendue
proportionnée au degré d’importance que je foi attribue-
J’ai par exemple, traité avec affez de détail fa partie litho-
logique ; parce que je crois que la connoiffance des Terres &.