Et ce font
les eaux qui
les ont dé-
p oies.
feur & de la forme d’un oeuf de Pigeon, engagé fous un de
ces blocs, & quelques autres fragmens de Roches primitives
engagés auffi fous un autre de ces rochers , me parurent être
les derniers témoins du mouvement des eaux, qui ont tranf-
porté ces grandes maffes. A l’exception de ce gravier & de
ces fragmens, je n’ai trouvé aucun corps étranger , qui aceom.
pagnât ces blocs de Roches primitives ; ils repofent fur le roc
calcaire, abfolument à nud & fans interpofition d’aucune autre
matière.
L e u r pofition achevé de démontrer ce dont j’ai déjà donné
de bien fortes p r e u v e s c ’eft que ces blocs n’ont point été
lancés au travers des airs par des explofîons fouterraines ; car
des maifes d’un poids aufli énorme, venant d’auffi loin que le
centre des Alpes, & par, conféquent par une trajeétoire prodi-
gieufement élevée, auroient fracaffé les rochers, & auroient
formé des enfoncemens confidérables : mais au contraire, elles
repofent fur la fiirface du r o c , & ne le touchent que par un
petit nombre de points. Il n’y a que les eaux qui puiffent,
en diminuant la pefanteur de ces grandes maifes, les avoir dé-
pofées avec cette légéreté ; car leur chute au travers de l’air,
ne fût-elle que de la hauteur de 8 à i o pieds, auroit produit
des excavations fur un roc calcaire, qui n’eft même pas
des plus durs dans fon genre.
■Ces mêmes rochers ferviroient à déterminer l’époque de la
grande débâcle ; fi l’on pouvoir s’aflurer par quelque moyen
de la diminution que l’aétion de l’air & des pluies produit
dans un tems donné , fur des rochers découverts, de la nature
de ceux du Mont Saleve,
L E M O N T S A L E V E. Chap. FIL
€ 328. M ais ce n’eft pas feulement dans la gorge de Blocs de
^ Pierres pn«
jVIonetier, que l’on rencontre des blocs de Granit & a autres mitives fur
Pierres primitives : on en trouve de très-grands & en très-grand
Inombre, fur le haut du Petit Sa lev e , & même fur le Grand ,
Ijufques au fommet de la montagne; par e xemp le , vis-à-vis do
»Crevin, & au deiTus du Chalet de Grange T o iirn ie r , c’eft-a-
Id ire , à plus de 460 toifes au deflus du niveau du Lac,
I l y auroit des recherches curieufes â faire.-fur ces pierres
I adventives. Quelquefois on les trouve mêlées , de façon que
■ celles qui fe touchent font dé genres abfolument differens. j
■ D’autres fois dans un même l i e u , on en trouve un grand
I nombre du même genre.
§. 229. E s continuant de parcourir le fommet de la mon- t^CroiTeue
I tagne, on defcénd dans une petite gorge qui la tra ve rfe , fui-
Ivant fa largeur. .C ’eft au fond de cette gorge qu’eft fitué le
I hameau de lu Croifette. .De là jufques au P iton, fommité de-
I venue célébré par les expériences de M. De L u c , les flancs
■ de la montagne ceifent d’être nuds & ê f c a r p e s i l s font cou-
I verts de bois & de verdure , & l’on n’apperçoit que de loin en
■ loin, des bancs de rochers. Ces bancs font toujours calcaires
I & à-peu-près horizontaux.
L e haut de la montagne eft chargé dans tout cet efpace,
I d’un fable b lâ n c , recouvert d’une terre végétale qui produit les cette p^tie
plus beaux pâturages. Ce fable a dans quelques endroits plu-
fiears pieds de profondeur. Il paroît qu’il a été charié par
des eaux qui venoient des A lp e s , & qui ont verfé par deflus
la montagne, tout ce qui n’a pas pu s’arrêter fur fon fommet.
On voit ici fous fes pieds, du côté du L a c , de p.etites mon-
Y